Charles-Antoine Kouakou a décroché la médaille d’or aux Jeux paralympiques de Tokyo en 400 m T201. Il est le premier champion paralympique issu de la Fédération française du sport adapté, fédération multisports au service des personnes en situation de handicap mental et/ou psychique. Le sprinter de vingt-cinq ans s’apprête à participer aux Jeux paralympiques en septembre.
Charles-Antoine, ça fait quoi d’être champion ?
Moi, ça me fait plaisir, d’être champion, c’est bien, je suis content, quoi. C’est moi la star de l’équipe de France. En ce moment je m’entraîne bien, je prépare bien, ça se passe bien. Je suis en train de préparer les JO, ça approche, ça commence le 2 septembre. Je suis déjà prêt. Le corps et la tête. Mais le plus important, c’est la tête.
J’ai commencé à courir, j’avais treize ans. J’ai commencé à courir à l’IME2 Ladoucette, j’ai découvert l’athlétisme comme loisir, une éducatrice de l’IME m’a vu courir. Elle a vu que j’étais bon à courir. J’aime ça, courir. J’ai commencé le premier jour d’entraînement et j’ai commencé la compétition, j’ai fait le championnat de France. J’ai fait du saut en longueur, du saut en hauteur, après on m’a demandé de choisir. J’y suis allé deux semaines, quatre semaines, six semaines, j’étais bon en saut en hauteur aussi. On m’a dit de me mettre au 400 m. Je me sens bien.
Comment se passent les entraînements ?
Je travaille à l’ESAT des Muguets, au Bourget, mais je n’y suis pas beaucoup. En ce moment, je m’entraîne six fois par semaine. Deux heures. C’est six fois tout le temps. Tous les jours. Toutes les semaines. Le dimanche c’est le repos. C’est pas trop pour moi, ça va, je suis bien. Pour moi, c’est du plaisir. Le corps, des fois, il peut être fatigué mais il te suit quand tu cours, le corps, il s’habitue. Par exemple, quand tu fais un footing en vitesse à fond, ton corps, il s’habitue. C’est grâce au corps que tu deviens champion. Au paralympique à Tokyo, en fait, c’est dans la tête. Tout le monde peut pas être champion. Pour moi, j’ai un corps particulier. C’est le corps qui décide. Il te demande de courir et moi je cours. Le corps, il t’aide à courir. En fait, c’est dans la tête. C’est le corps qui dit. Quand le corps, il est essoufflé, tu t’arrêtes. C’est stop, tu vas pas plus loin. Le corps, il souffre et quand il commande d’arrêter, tu t’arrêtes, parce que si tu t’arrêtes pas, c’est la blessure. Après, quand le corps, il te demande de continuer, tu continues. Il faut le respecter. Il faut en prendre soin.
Prenez-vous un soin particulier de votre corps ?
Je dois faire attention à ce que je mange. Il faut bien dormir. Je me couche entre 22 h 30 et 22 heures pile. Le matin, je me lève vers 6 heures ou 6 h 30. Il faut bien manger le matin et boire deux verres d’eau, ça, c’est important, ça fait partie. Quand je fais l’entraînement, je bois toute une bouteille. Je bois une gorgée, je pose, je cours, juste une gorgée, et je cours, et je bois encore une gorgée. Je fais tout le temps ça.
Je sors un peu mais je prends pas le risque de me blesser. En fait, moi, je fais attention de pas prendre de risque, je ne fais pas de foot, rien du tout. Tout ça, ça compte. Si jamais je vais me balader, oui, après, il faut pas faire le fou, pas faire n’importe quoi.
C’est important de prendre soin de son corps. Pour tout le monde. Pour moi, ça fait partie, le corps, il s’habitue. Quand tu fais un footing, la compétition, le corps, il décide. Le corps et la tête, c’est un tout. C’est tout moi. Quand le corps va mal, la tête va mal. Et si la tête va mal, le corps va mal. C’est la même chose. Si le corps, il est pas bien, tu risques de tomber aux pommes. C’est pour ça, il faut écouter le corps.
Brigitte Martin
Article extrait de Proteste 177