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Des limites de la note

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Alors que la réforme des rythmes scolaires agite la France, la pertinence de l’attribution de notes, aux élèves comme aux enseignants, se pose toujours. Entre noter un devoir, et noter une personne, il n’y a qu’un pas, très vite franchi.

«  Tu as eu des notes aujourd’hui ? Tu as eu combien à ton contrôle ? »
Telles sont les premières questions que posent certains parents en retrouvant leur enfant ou leur adolescent après une journée d’école. Ceux qui ont des notes bien au-dessus de la moyenne n’attendent d’ailleurs pas la question pour annoncer avec jubilation : « J’ai eu 17 en français ! ». Les enfants moins bien notés inventent souvent des manières de ne pas dire ou de contourner le sujet. « Non, je n’ai pas eu de notes aujourd’hui. Le prof ne nous a pas rendu le devoir. Il n’a pas noté mon cahier cette semaine… »
La notation semble représenter pour chaque acteur scolaire (élève, parent, enseignant) la seule source fiable pour évaluer les apprentissages, les connaissances, voire le comportement scolaire.
Chacun y semble tellement attaché qu’il est difficile de penser l’évaluation autrement, de manière plus large et différenciée.

Du stress chez les élèves…
La note semble objective, contrairement aux compétences acquises ou en cours d’acquisition. Elle permet de se positionner par rapport à des catégories et aux autres (bons élèves, mauvais élèves, bonne ou mauvaise classe). Elle cherche aussi à stimuler une compétition positive entre élèves.
Toutefois, elle produit bien souvent des effets inverses comme le stress et le découragement des enfants, l’inquiétude des parents ou le mécontentement d’enseignants face à une classe qui n’obtient pas des résultats assez satisfaisants à leurs yeux.

 …et chez les enseignants
De même, la note produit un stress intense sur bon nombre d’enseignants quand ils sont évalués par leurs inspecteurs. Il conduit certains d’entre eux à refuser voire à disqualifier leur inspection.
Une évaluation limitée à la note produit des effets pervers. Des enfants et des adolescents s’intéressent aux contenus d’enseignements uniquement si leurs travaux sont notés. La notation les conduit à faire le strict minimum et à ne pas « perdre de temps » sur ce qui ne leur « rapporte rien ».
Par ailleurs, la note s’inscrit tellement dans les habitudes de l’élève qu’elle est devenue une fin en soi. Elle a perdu tout caractère dynamique consistant à se poser des questions comme « Pourquoi j’ai eu cette note ? » Du côté enseignant, l’aisance acquise avec les notes les conduit à « résister » à l’innovation en matière d’évaluation. La difficulté à mettre en place, dans les établissements, le socle commun des connaissances et compétences est un exemple.

Éviter le découragement
Comment alors utiliser la note de manière dynamique ? Certains collèges expérimentent, en classe de sixième, l’évaluation sans notes pour éviter le découragement trop rapide de certains enfants.
Des enseignants utilisent les notes comme un moteur pour encourager les élèves. Ils ne corrigent pas un travail sans écrire des commentaires et des conseils. Ils expliquent la note et ne se contentent pas de mettre des notes brutes. Ils associent celle-ci à un signe, comme par exemple « 8+ », qui donne à la fois une indication quantitative mais aussi qualitative. Il s’agit pour l’enseignant de stimuler la démarche de progression de l’élève, en l’aidant à se poser des questions sur ce qu’il a fait.
Mais pour l’amener à ne pas se bloquer face à une note, il est nécessaire que l’enseignant dise que la note concerne le travail fait et non la personne de l’élève, qui elle n’est pas évaluable.

 

 

Edith Tartar Goddet
Présidente de l’Association protestante pour l’éducation et l’enseignement (ap2e)

Source : Education, Proteste n°136, décembre 2013



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