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Les enfants invisibles : privés de scolarité ?

Enfance – Jeunesse

Plaidoyer mené courageusement par Le DIAFRAT Paris V–XIII, entraide de la paroisse de Port Royal et membre de la FEP. Ce dossier a été porté à Madame Sandrine Mörch, députée, auteure du rapport « Scolarisation et grande précarité : l’accès à l’éducation pour tous » remis au ministre de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports en décembre 2021 et présenté en commission parlementaire. Les préconisations du rapport de Sandrine Mörch mettent en lumière le chemin à parcourir, et il est encore long… au nom de tous ses membres impliqués dans les sujets liés à l'enfance et à la jeunesse, la FEP fera le maximum pour porter ce message.

 

Le DIAFRAT Paris V–XIII, entraide de la paroisse de Port Royal Quartier latin accompagne depuis près de 20 ans des familles migrantes. Nous constatons que l’hébergement d’urgence de ces familles en Ile de France est incompatible avec l’accès à la scolarité des enfants. Mises à l’abri pour quelques jours dans des hôtels situés au hasard de l’Ile de France,  elles peuvent être ensuite envoyées dans une autre ville, un autre département, sans tenir compte de l’école où sont inscrits les enfants, quand ils le sont.

• Les déménagements incessants rendent l’inscription à l’école difficile voire impossible. Il faut une adresse stable pour d’inscrire les enfants à l’école.
• Être hébergé à l’hôtel est synonyme de précarité extrême. La précarité d’hébergement est aussi synonyme de précarité alimentaire, car il est la plupart du temps interdit de cuisiner à l’hôtel. Les enfants ont faim. Ils partent le ventre vide le matin. L’école est le seul endroit où ils peuvent bénéficier au moins d’un repas chaud par jour, quand ils peuvent s’y rendre.
• Changer d’hébergement signifie changer d’école. Or les enfants veulent rester dans la même école, car c’est leur seul repère. Alors continuer d’aller à l’école quand l’hébergement est loin veut dire prendre les transports en commun.
• Les familles n’ont pas d’argent pour acheter des titres de transport, d’où une peur permanente d’être contrôlées, un stress supplémentaire pour les parents et enfants qui sont sur le qui-vive pendant tous leurs trajets. Qui dit contrôleur, dit risque d’amende, voire d’être arrêtées, puis placées en Centre de Rétention Administrative, sans compter la fatigue liée au temps passé dans les transports
• La chambre est le lieu de vie commun à toute la famille, adultes comme enfants. Vivre à plusieurs dans une petite chambre d’hôtel surpeuplée ne permet pas d’apprendre et de faire facilement ses devoirs. Il y a du bruit, tout se passe sur le lit, les enfants ne peuvent pas se concentrer.
• Ces enfants n’ont pas non plus accès à l’informatique ou à Internet : la fracture numérique ne leur permet pas d’avoir accès aux informations données sur les portails dédiés des écoles, collèges ou lycées.

En synthèse

• L’école est le repère de stabilité des enfants et de leurs parents. C’est le seul point d’ancrage d’une vie faite de ruptures et d’instabilités : il faut que les enfants poursuivent leur scolarité dans la même école, au moins le temps d’une année scolaire.
• Les conditions d’hébergement d’urgence sont incompatibles avec une scolarité : l’accès à l’école et la continuité scolaire ne sont pas assurées. Elles altèrent profondément la santé mentale, physique, le développement psychomoteur et social des enfants.
• Les familles vivent dans des conditions indignes : il faut investir massivement dans le logement stable et non pas dans l’hébergement précaire.

Ce que fait le DIAFRAT

– Nous organisons un accueil de familles une à deux fois par mois ;
– Nous nous entretenons avec les familles pour mieux comprendre les situations ;
– Nous repérons ainsi les enfants qui ne vont pas à l’école ;
– Nous identifions les obstacles qui empêchent les enfants d’aller à l’école ;
– En fonction de la nature de ces obstacles :
- si les parents ne savent pas comment inscrire les enfants à l’école, les femmes relais du DIAFRAT, elles mêmes anciennes migrantes ayant vécu cette situation, les accompagnent dans cette démarche ;
- si l’hébergement est loin de l’école, il faut fournir des titres de transport aux enfants et à leurs parents pour les accompagner ;
- nous fournissons de l’aide alimentaire centrée sur le petit déjeuner et prenons en charge le financement de cantine.
– En parallèle nous demandons au SAMU social de trouver aux familles un hébergement plus proche de l’école

Nous avons porté ce dossier à Madame Sandrine Mörch, députée, auteure du rapport, « Scolarisation et grande précarité : l’accès à l’éducation pour tous ». Ce rapport a été remis au ministre de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports en décembre 2021 et présenté en commission parlementaire.

Florence Daussant-Perrard,
présidente du DIAFRAT - Paris 5-13 et présidente de la FEP Île-de-France