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La crise sanitaire depuis la Fondation des Diaconesses de Reuilly dans l’ouest

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FEP - Grand Ouest

Anne Perrot est directrice régionale déléguée Sud-Ouest de la Fondation Diaconesses de Reuilly

Bonjour Anne Perrot, pouvez-vous nous en dire plus de la situation sur le terrain ?

La Charente-Maritime est jusqu’à ce jour vendredi 3 avril préservée par la vague de COVID-19. Les
hôpitaux ne sont pas en suractivité.

Les activités de Fondation Diaconesses de Reuilly en Charente-Maritime sont axées sur l’accompagnement des 4 publics vulnérables au travers d’établissements et de services regroupés en plateforme de services. Nous avons :

• Une plateforme de services (EHPAD, service de soins infirmiers, service d’aide à la personne, résidence services) destinée aux personnes âgées de plus de 60 ans.
Cette plateforme est particulièrement exposée au COVID-19 de par l’âge des résidents et les visites sont suspendues depuis le 12 mars 2020.
• Une plateforme (IME/ITEP/SESSAD) destinée aux enfants souffrant de déficiences légères ou moyennes avec ou sans trouble du comportement.
Depuis le 17 mars, date du confinement, une grande partie des enfants est retournée au domicile familial en confinement.
• Une plateforme (Foyer, SAMSAH, SAVS, ACT, GEM, ESAT) destinée aux adultes en situation de handicap psychique.
Une partie du public est accompagnée à domicile et leur activité est donc restée normale.
Pour les jeunes résidant en foyer, certains sont au domicile familial en confinement et d’autres sont restés au foyer.
• Une plateforme d’accueil pour les demandeurs d’asile dans laquelle il y a des structures collectives et des logements en milieu ordinaire. Depuis le confinement, chacun est resté sur la plateforme puisque ces personnes n’ont pas d’autre domicile.

L’ensemble de ces plateformes représente 845 personnes accompagnées par 260 salariés. A ce jour nous n’avons pas cas de COVID-19 avéré parmi les personnes accompagnées ni parmi les salariés. Certaines personnes ont présenté des symptômes mais l’accès récent au TEST ne les a pas diagnostiquées COVID-19.

Quelles sont les mesures mises en place ?

Depuis la première annonce du président, l’ensemble des professionnels a organisé le confinement en respectant les besoins de chacun.

Nous avons mis en place un suivi à domicile pour tous ceux qui sont rentrés au domicile familial, notamment les enfants et les majeurs protégés. Les professionnels appellent les familles tous les jours et font des visites à domicile afin de prévenir toute situation de confinement qui entraînerait un danger pour la personne vulnérable.

Pour les confinements collectifs nous avons un suivi quotidien et habituel des besoins de chacun. Chaque professionnel remonte auprès de sa hiérarchie une fiche de suivi quotidienne de ses démarches auprès des personnes dont il est référent. Les directions centralisent dans un fichier toutes les informations et nous pouvons ainsi surveiller que personne ne soit oublié.

Chaque situation qui présente une difficulté est analysée dans les 24 heures et une solution est proposée. Nous avons ainsi accompagné le retour de 4 enfants, en difficulté à domicile, vers notre établissement du Manoir Emilie.

Nos psychologues interviennent par téléphone ou en visite à tout moment.

Pour les personnes majeures protégées, nous les aidons dans le respect des règles de confinement, en allant leur porter des documents de sortie et les aider à faire leurs courses.

Les directions font une réunion de crise chaque jour avec la directrice régionale afin de mutualiser les moyens quand cela est nécessaire, car toutes les plateformes n’ont pas les mêmes moyens ou les mêmes compétences au sein de leur établissement. Les personnels soignants, médecins, infirmières se rendent disponibles pour aider toutes les plateformes.

Un numéro d’urgence a été mis en place pour les familles. Les directions et chefs de service ont organisé un planning d’astreinte afin de répondre à toutes demandes 24H/24 et 7J/7 pour toutes nos plateformes…

Concernant l’EHPAD de 95 lits, nous avons organisé le confinement des personnes par couloir de 8 chambres, ce qui permet de garder un lien social essentiel pour les personnes âgées. Ce sont toujours les mêmes salariés qui travaillent dans le même couloir. Le personnel de l’EHPAD a accepté de réorganiser ses horaires afin de travailler sur une plus grande amplitude de journée. Nous avons mis en place du matériel pour permettre aux familles de garder le lien par Skype ou Instagram.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?

Les principales difficultés rencontrées sont les mêmes que sur tout le territoire français à savoir le manque de matériel de protection. Nous avons obtenu quelques masques depuis 8 jours mais pas pour tous les services.

Nous ne pouvons pas proposer des masques dans un cadre préventif au personnel. Nous proposons les masques uniquement aux personnes présentant des symptômes. Le personnel qui fait des visites à domicile n’a pas de matériel de protection. C’est le cas des travailleurs sociaux mais également les services qui font des toilettes à domicile.

Lorsque nous serons confrontés à des cas de COVID-19 avérés, nous n’avons pas de surblouse pour le personnel qui accompagnera les malades.

Depuis quelques jours, nous avons enfin accès au TEST pour le personnel médico-social présentant des symptômes car avant nous ne pouvions que leur proposer de rester chez eux en attendant 14 jours. Nous attendons avec impatience la généralisation des TESTS afin que chacun sache s’il est immunisé ou pas, car nous avons eu des salariés avec des signes bénins sans avoir de diagnostic.

Nous pensons que le plus difficile va être de maintenir les personnes âgées en confinement pendant de longues semaines et nous devons être vigilants sur les effets secondaires graves que peut entraîner le confinement.

Nous préparons depuis 3 semaines la « vague » et cette période devient anxiogène pour tout le monde car nous ne savons pas à quel moment la situation peut se dégrader et si nous aurons les moyens d’y faire face !

Nous tenons à souligner l’engagement et l’adaptation de toutes nos équipes depuis le début de cette crise qui s’annonce dure et longue…

 

Propos recueillis par Laure Miquel, secrétaire régionale Grand Ouest, Nord-Normandie.

 



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