Dans le monde économique ou politique, les choses ne sont pas données sans contrepartie. Les biens et les services s'achètent, s'octroient sous conditions, et endettent naturellement leurs bénéficiaires, consommateurs, investisseurs, citoyens. Le don introduit-il un changement dans ces rapports sociaux?
Selon Marcel Mauss, dans Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques (1923-1924), le don est obligatoirement suivi d'un contre don. Dons et contre dons, articulés autour de la triple obligation de donner-recevoir-rendre, créent un état de dépendance qui autoriserait la recréation permanente du lien social.
Mais dans une conception chrétienne protestante, le calcul que cela peut engendrer pervertit le don, qui ne peut être que gratuit, désintéressé, déconnecté de tout retour pour soi-même. Certains vont même jusqu'à rejeter toute forme de reconnaissance ou de gratitude à travers le service.
Mais si le retour sur soi n'est pas recherché, les témoignages de ce dossier montrent en quoi le donateur est quelqu’un qui reconnaît avoir reçu, et en quoi ce qui est donné est souvent rendu sous une forme ou sous une autre, sans obligation. De telle sorte que la frontière entre créditeur et débiteur, donateur et bénéficiaire, s'estompe.
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