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Alors que le Liban s’enfonce toujours plus dans la crise économique, sociale et politique, la situation des réfugiés syriens dans le pays devient insoutenable. Leurs conditions de vie, devenues extrêmement précaires, sont aggravées par le durcissement des politiques les concernant, toujours plus répressives. C’est dans ce contexte dramatique, loin de l’attention des médias et de la communauté internationale, que vivent 1,5 million de réfugiés syriens. La Fédération de l’Entraide Protestante et ses adhérents continuent à se mobiliser pour développer leur arrivée légale et leur accueil sur le territoire français. L’équipe de la FEP à Beyrouth nous propose un état des lieux de la situation des réfugiés.
Le 14 juillet dernier, la FEP accueillait à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle deux familles réfugiées au Liban démontrant, si besoin était, qu’une grande partie des Français sait encore accueillir les personnes exilées. Depuis la mise en place du dispositif des Couloirs humanitaires, 397 personnes ont été accueillies par la FEP et ses partenaires. Cet engagement de longue date de la FEP, loin de l’attention médiatique déclinante à l’égard des réfugiés syriens au Liban, répond à leur situation toujours plus difficile dans ce pays.
Un contexte général libanais qui se dégrade malgré l’aide internationale
En juin dernier, le parlement libanais a échoué pour la douzième fois dans sa tentative d’élection d’un président à la tête de la République libanaise. Le poste était vacant depuis la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre 2022. Ce blocage s’inscrit dans un contexte de crise économique, financière, sociale et politique qui dure depuis près de quatre ans. Le pays continue d’afficher un taux d’inflation à trois chiffres, à 253,55 % en un an. Ainsi, les prix en livres libanaises ont été multipliés par 3,5 en seulement un an. La moitié de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, soit moins de six dollars par jour, et 90% des familles de réfugiés syriens ont besoin d’aide pour survivre.
Les deux millions de visiteurs attendus au Liban cet été, pour l’essentiel faisant partie de la diaspora libanaise, représentent certes un apport en « fresh dollars » impatiemment attendu par les acteurs économiques, mais leur arrivée contribue également à une forte augmentation des prix que ne peuvent supporter les habitants.
La situation alarmante des réfugiés
Selon les chiffres officiels, le Liban accueillerait près de 1,5 million de réfugiés syriens. Il est le pays de la planète qui accueille le plus grand nombre de réfugiés proportionnellement à sa population.
Ces derniers mois, dans un contexte de crise, notre équipe sur place a observé un durcissement des discours envers les réfugiés sur la scène politique et médiatique libanaise. Les politiques nationales envers les réfugiés, en particulier les syriens, se font de plus en plus répressives. Accusés de peser fortement sur les infrastructures libanaises déjà défaillantes, ou encore de contribuer au nivellement par le bas des salaires, les réfugiés syriens sont également mis en cause au motif qu’ils percevraient l’aide financière distribuées par les ONG internationales et les Nations Unies en dollars.
Pourtant, seulement 43% des réfugiés syriens reçoivent une aide financière du HCR, alors que 88% vivent sous l’extrême seuil de pauvreté.
Pour rappel, dans le courant de l’été 2022, des mesures avaient déjà été annoncées visant les réfugiés syriens. Elles consistaient notamment à renvoyer en Syrie 15 000 réfugiés par mois, au mépris de l’avis de nombreuses associations libanaises et des alertes lancées par Amnesty International. À l’époque déjà, notre équipe sur place avait observé un mouvement de panique parmi les familles qu’elle accompagne en attente de départ. En avril 2023, la situation s’est encore détériorée pour les réfugiés syriens.
Les checkpoints sont de plus en plus nombreux sur les routes libanaises, dans la Bekaa, le Akkar, le Sud Liban mais également dans Beyrouth. De multiples descentes de police et arrestations, suivies de détentions et parfois d’expulsions du pays ont lieu depuis le mois d’avril.
Début mai, de nouvelles mesures ont été mises en place ; les huit gouvernorats du Liban sont appelés à ne plus louer de biens immobiliers aux Syriens et à cesser de leur délivrer des documents (type contrat de mariage, certificat de naissance, etc.).
Les associations humanitaires ont recensé plus de 2 000 arrestations et 1 800 déportations depuis avril 2023, dont des mineurs non accompagnés. C’est la vague de déportation la plus importante connue à ce jour.
Une fois reconduits à la frontière, les déportés sont, dans la majorité des cas, soumis à des mauvais traitements, des arrestations et détentions arbitraires, ou à un enrôlement forcé au sein de l’armée du régime syrien.
Dans ce contexte, les départs en bateau du Liban vers l’Europe sont plus fréquents ces derniers temps, malgré une série de naufrages meurtriers en 2022. En mai 2023, quatre départs en bateau ont été signalés.
En 2022, les tentatives de migration irrégulière au départ du Liban représentaient près de la moitié des 378 décès sur la route de la Méditerranée orientale. De plus en plus de personnes suivies par notre équipe au Liban sont tentées par cette traversée périlleuse.
Aussi l’équipe de la FEP se sent parfois démunie devant l’immensité des besoins et le nombre infime de solutions qui peuvent être proposées. Elle ressent chaque jour la nécessité de continuer à œuvrer pour les réfugiés qui n’ont aucun avenir, ni pour eux, ni pour leurs enfants, au Liban ou sur leur terre d’origine en Syrie. Chaque nouvelle possibilité d’accueil par les Couloirs humanitaires est reçue avec une joie immense.
La Fédération de l’Entraide Protestante au Liban
Depuis 2018, la Fédération de l’Entraide Protestante est présente au Liban pour accompagner les personnes réfugiées dans le cadre des Couloirs humanitaires. Elle a des partenaires sur place : le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, International Refugee Assistance Project, la Fédération des Eglises protestantes italiennes, notamment.
La FEP identifie, avec ses partenaires, les familles en situation de vulnérabilité, les accompagne dans leurs demandes de visa auprès du consulat de France, puis dans leur préparation au départ. Elle fait également le lien avec la plateforme d’accueil en France.
Deux personnes sont aujourd’hui basées à Beyrouth : Soledad André et Félicie Dhont.
Contact plateforme d’accueil des couloirs humanitaires : sophie.decroutte@fep.asso.fr
