Rencontre avec Mélanie Landes Castagno, directrice de l’association Diaconale Protestante Marhaban (ADPM) à Marseille.
Mélanie Landes Castagno partage avec nous la difficile décision de mettre un terme à l’activité d’hospitalité de l’association, puis la renaissance de l’activité, sous une autre forme, aux côtés des plus vulnérables.
Comment avez-vous vécu la décision du confinement ?
Difficilement ! Pour une association d’hospitalité comme Marhaban, cela signifiait la mise à l’arrêt du projet. Nous avons donc fermé le rideau le 16 mars le cœur serré. Nous sommes partis les bras chargés de classeurs. Des classeurs remplis de listes de personnes avec qui nous vivons une fraternité au quotidien dans un petit local du Centre-Ville de Marseille. On a eu du mal à lâcher prise, ces classeurs c’était comme des branches cassées auxquelles on essayait de s’accrocher. Nous avons rapidement mis en place un lien de « bien-veillance » téléphonique qui nous permet, encore aujourd’hui, de tenir bon ensemble dans l’épreuve. En dehors de cela nous avons vite compris que nous n’étions plus du tout utiles face à la crise et avons eu un chemin de Pâques un peu particulier.
Il me semble que la prise de conscience de cette inutilité (ou de ce décalage) et le constat d’une « fin » étaient indispensables pour repartir à zéro. Nous avons pu ainsi tout remettre à Dieu et nous laisser guider. A ce moment-là, je pensais que c’était une sorte de leçon d’humilité comme on en a souvent dans la diaconie et que notre rôle était maintenant de se mettre « en veille ». Mais c’était sans compter les surprises du service… Le 10 avril, la Métropole Aix-Marseille Provence nous proposait 20 colis alimentaires à distribuer pour les familles en grande difficulté. Trois semaines plus tard, nous avons distribué plus de 500 colis, dont 300 en livraison à domicile.
Comment cette transformation en plateforme de distribution alimentaire s’est-elle produite ?
Le déplacement de Marhaban de ses missions d’hospitalité et d’accompagnement vers la coordination d’une plateforme de distribution alimentaire s’est finalement opéré de façon très simple. Nous nous sommes mis au service des familles en difficulté non pas en tant que Marhaban, mais plutôt comme le maillon d’une chaîne de solidarité. Cette chaîne croise principalement trois réseaux : le réseau des associations de proximité de notre quartier, les Eglises FPF et particulièrement la paroisse de Grignan, mais aussi des dynamiques citoyennes comme le collectif des coursiers solidaires.
Cette plateforme rassemble finalement quatre univers qui habituellement se croisent peu : les solidaires à vélo, les chrétiens, les populations défavorisées et les associations au boulot ensemble !
Les colis alimentaires sont souvent des gouttes d’eau dans l’océan des difficultés (nouvelles ou aggravées par la situation) rencontrées par les personnes que nous livrons. Nous voyons cependant l’importance des gestes parfois les plus simples qui manifestent une attention particulière et font la différence.
Nous rêvons du jour où se réjouir tous ensemble sera possible… pour que ces rencontres aillent un peu plus loin, et retrouver une hospitalité élargie et renouvelée !
Mélanie Landes Castagno, Directrice de l’Association Diaconale Protestante Marhaban