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Entrer dans le déconfinement

Vie fédérative

Quand vient le temps du déconfinement !

 

Ce temps du déconfinement que l’on attend depuis des semaines comme une fenêtre ouverte sur le monde. Un temps espéré qui pourtant génère angoisse et inquiétude car l’incertitude de ce que sera demain est présente.

Après le temps de la sidération, puis celui de l’adaptation contraint par des injonctions souvent difficiles à ajuster avec la réalité du terrain, vient le temps de la cohabitation, en situation de déconfinement, avec le COVID 19.

Les établissements et services sanitaires, sociaux et médico-sociaux ont depuis sept semaines adapté leurs fonctionnements, pallié les manques d’effectifs, de matériel, accompagnant sans relâche les personnes accueillies. Les associations d’entraide, quand cela était possible, pour ne pas rompre le lien et répondre aux besoins essentiels d’un grand nombre de personnes, se sont lancées dans de nouvelles actions ou ont dû répondre à des demandes en augmentation. Le COVID 19 ne semble pas vouloir changer d’horizon, les mesures de protection restent difficiles à mettre en place faute de moyens, les équipes de professionnels et de bénévoles sont fatiguées et cette crise sanitaire a mis en exergue la très grande précarité dans laquelle vit toute une partie de la population.

A compter du 11 mai, le confinement ne sera plus de mise, ou allégé, mais faire face à la crise demeure. Le déconfinement s’inscrit donc dans la continuité de ce que nous avons vécu et ce qui a été entrepris ces dernières semaines.

« Vivre ensemble » et « vivre avec le coronavirus » !

En avançant pas à pas, sur ce chemin, prenons le temps de mettre des mots sur ce que nous avons vécu, le temps de nous retrouver, de nous questionner collectivement (avec les nouvelles technologies) et individuellement. Se ressourcer et réfléchir pour envisager et construire ensemble les actions à venir. En s’appuyant sur le développement de l’ancrage associatif à de nombreux endroits, les nouveaux liens qui se sont tissés, les nouvelles ressources bénévoles et l’engagement de chacun, l’élan de solidarité qui s’est manifesté dès le début de cette crise va permettre de persévérer dans la confiance.

« Nous n'espérons qu'une chose : sortir du confinement et que rien ne soit plus comme avant » exprime Abdennour Bidar, philosophe, président de l’association Fraternité Générale. Et il ajoute « mais cela dépendra de notre engagement à changer notre façon de vivre. »

Au temps du déconfinement, ne rien lâcher ! Continuons à avancer pas à pas et à œuvrer pour que rien ne soit plus comme avant !

Le déconfinement en pratique : des mesures limitées, variables et sujettes à évolution

Conformément aux annonces gouvernementales antérieures, le Premier ministre Edouard Philippe, a annoncé le 27 avril 2020 un plan de déconfinement à partir du 11 mai : « Protéger, tester, isoler ». D’abord adopté par l’Assemblée nationale, ayant essuyé ensuite un rejet symbolique du Sénat, le vote de l’Assemblée nationale en deuxième lecture ne devrait être qu’une formalité : le déconfinement sera mis en œuvre, quoiqu’il en soit, le 11 mai.

Selon ce plan, la liberté d’aller et venir des personnes présentes sur le territoire français dépendra de la vérification, département par département, de l’évolution de l’épidémie, via la « surveillance de tous les indicateurs disponibles ». A compter du 11 mai commencera alors une seconde phase qui s’étendra jusqu’au 2 juin. Cette seconde phase observatoire donnera la possibilité, en pratique, de déterminer si les mesures mises en œuvre permettent de contenir l’épidémie.

Les modalités du déconfinement seront différentes selon que les départements présentent une « activité épidémique » plus ou moins forte (retrouvez toutes les informations sur le site officiel du gouvernement).

A ce stade, les régions Grand Est, Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Comté sont actuellement classées « rouge ». Tandis que le reste de la France est classé orange (Hauts-de-France, Centre-Val-de-Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, susceptibles de passer au vert ou orange le 11 mai), ou vert. Si les modalités concrètes du déconfinement sont difficiles à appréhender dans leur ensemble, quelques éléments de compréhensions nous sont apportés via l’infographie officielle publiée sur le site du gouvernement.

Pour beaucoup d’entre nous et particulièrement les personnes âgées, la question fondamentale qui demeure est bien : comment retrouver du lien social, sortir de la solitude et de l’enfermement physique, se libérer des outils de communication pour retrouver le naturel d’un échange sans medium ?

Les mesures de déconfinement présentées permettent les déplacements au sein de nos régions dans un rayon de 100 km du domicile. Il sera également possible, entre autres, de se rassembler et de participer à des rassemblements limités à 10 personnes, moyennant le respect des gestes barrières, de la distanciation sociale. Dans les faits, il n’est pas si simple et évident d’affronter la peur d’une rechute, de sortir chacun de chez-soi pour réapprendre le vivre ensemble, différemment.

Comment entrer dans le déconfinement ?

La Fédération de l’Entraide Protestante mesure à quel point les associations de terrain ont été touchées par la crise : soit par la nécessité d’adaptation face au flux des demandes toujours plus pressantes des personnes vulnérables et démunies face à la crise, soit par la nécessité d’adaptation de leur organisation du fait de la vulnérabilité des bénévoles. Au sentiment d’impuissance de certains du fait des mesures de confinement se mêle la durée de celui-ci : longue, pénible, fatiguant le corps, l’esprit et l’âme.

Selon les publics accompagnés et les vécus des équipes, le déconfinement se prépare au sein de nos associations membres. Au Diaconat Protestant de Nantes par exemple, il est prévu de garder le circuit actuel et le format de la distribution alimentaire jusqu’à septembre. L’équipe envisage également de ré-ouvrir les permanences physiques d'accompagnement social, financier et juridique à partir du 11 mai avec respect des mesures barrières (1m de distance, lavage des mains, pas de salle d'attente). Enfin, la reprise des cours de Français Langue Etrangère (FLE) est de mise. L’équipe sonde actuellement les moniteurs de FLE pour la reprise des cours qui se fera en petits groupes et uniquement dans les grandes salles : au moins 5 cours devraient ré-ouvrir à partir du 18 mai selon les réponses données, puis peut-être d'autres par la suite.

Certains établissements accueillant des enfants réorganisent l’école avec les jeunes en prévision du déconfinement. Ils décident de proposer un cadre en amont de la date fixée du déconfinement pour accompagner la compréhension et la réadaptation de toutes et tous aux nouvelles mesures.

Au sein de l’Entraide Protestante de Reims, Elodie Franck, la responsable-déléguée « Organisation & Administration » de l’association, travaille avec enthousiasme sur le plan de reprise avec, en particulier, toute une série de mesures permettant d'assurer au mieux la sécurité sanitaire : horaires d'accueil et de distribution élargis, conditions strictes d'accès, distanciation, protection du poste d'accueil et du comptoir de distribution, emballage des aliments, équipements de protection des personnes, nettoyage des locaux, etc.

Pour les établissements accueillant des personnes âgées, les visites sont à nouveau officiellement autorisées. En pratique, les craintes exprimées de plusieurs résidents, l’invitation à la prudence des représentants des familles au Conseil de la vie sociale ou le rappel à agir en responsable par les organisations de directeurs d’EHPAD conduisent certains établissements à envisager de ne pas précipiter la proposition de reprendre les visites et d’en établir les modalités de façon concertée.

Préparer le déconfinement c’est se poser les questions nécessaires pour analyser les possibilités qui s’ouvrent aux associations : de quel espace dispose l’association ou la structure ? Comment faire respecter les règles d’hygiène aux bénéficiaires ? Quelle est la force humaine dont l’association dispose ? Quelles protections pour les bénévoles en action ? Quels sont les outils dont dispose l’association ?

Autant de questions auxquelles les structures pourront réfléchir en équipe pour aborder le plus sereinement possible cette nouvelle phase de déconfinement qui s’ouvre.

Si l’enthousiasme est souvent de mise, les angoisses restent présentes, au second plan, prêtes à ressurgir si le virus devait reprendre le dessus. Le confinement laisse une empreinte, la maladie blesse, l’espoir et la confiance dans l’avenir sont parfois à reconstruire pour aborder sereinement la suite.

La FEP s’engage et accompagne ses associations membres

Pour accompagner les associations sur le chemin du déconfinement, la FEP maintient ses réunions virtuelles en ligne régulières avec les entraides. Elle met également en place deux actions d’envergure auprès de l’ensemble de ses membres, afin d’accompagner et de soutenir ses membres dans cette nouvelle période qui s’ouvre.

Tout d’abord, l’ouverture d’une plateforme de soutien logistique et matériel a vu le jour fin avril. Financée par la Fondation du Protestantisme, via la plateforme « Solidarités Protestantes ». Cette plateforme de soutien logistique a pour vocation de recenser l’ensemble des besoins en matériel des associations membres et établissements de la FEP. Elle permettra ensuite une mise en relation entre les associations et les fournisseurs identifiés, au sein de la FEP ou à l’extérieur, afin de répondre aux mieux à ces besoins.

Par ailleurs, que ce soit au sein des établissements sanitaires, sociaux ou médico-sociaux, ou dans les associations d’entraide, nous ne sortons pas indemnes de cette période de confinement. Si les associations, établissements ou services ressentent le besoin ou l’envie de prendre le temps de partager le vécu, de mettre des mots sur les ressentis, d’exprimer les émotions et de déposer toutes ces tensions accumulées, la FEP proposera dès la semaine du 11 mai 2020 la mise en place de temps de parole accompagnés par des professionnels, gratuitement.

Tout ne va pas changer du jour au lendemain mais l’optimisme est de rigueur !

Comme Martin Luther King, « Je crois qu'un jour toute l'humanité reconnaîtra en Dieu la source de son amour. Je crois que la bonté salvatrice et pacifique deviendra un jour la loi. Le loup et l'agneau pourront se reposer ensemble, chaque homme pourra s'asseoir sous son figuier, dans sa vigne, et personne n'aura plus raison d'avoir peur. Je crois fermement que nous l'emporterons. »

Avançons, en confiance, dans l’espérance que « l’événement nous fasse ressentir plus que jamais la communauté de destin de toute l’humanité », comme l’a écrit Edgar Morin, le 27 mars 2020.