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Les nouveaux enjeux de la diaconie

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Two young women are on the table in a bar indoors to talk. On the table a juice and a croissant. A woman touches his forehead in thought during the speech while her friend is listening

A l’évocation du mot diaconie, certains ont encore une image caricaturale. C’est sans compter les associations et les fondations de la Fédération de l’Entraide Protestante qui s’inscrivent de plain-pied dans les besoins et les enjeux actuels.

Two young women are on the table in a bar indoors to talk. On the table a juice and a croissant. A woman touches his forehead in thought during the speech while her friend is listening

Démocratie participative, développement durable, éthique de l’accueil, innovation, etc. La Fédération de l’Entraide Protestante et ses fondations et associations s’engagent dans une démarche répondant aux enjeux de la société d’aujourd’hui. « Les associations de la FEP sont représentatives des associations qui œuvrent dans le domaine social, dans l’éducation et les actions de terrain » estime Jean-Michel Hitter, le président de la Fédération. Plus que le modèle démocratique où on élit des représentants, « les associations opèrent un travail collégial et collaboratif. On discute jusqu’à ce qu’on tombe d’accord. » La vitalité associative se mesure au nombre de ses membres et au bon équilibre entre les administrés élus, garants de l’esprit de l’association et la direction et les salariés qui conduisent les affaires courantes, selon le président de la FEP. Néanmoins, sur les 360 associations qui composent la Fédération, il y a quantité de modèles, rappelle Jean-Michel Hitter. Les limites du modèle associatif peuvent se situer au niveau de la différence de compréhension de l’action diaconale et des cadres réglementaires ainsi que des conventions passées avec les collectivités publiques.

Dans d’autres cas, ces cadres réglementaires favorisent la démocratie participative. La loi du 2 janvier 2002 a notamment instauré l’obligation des conseils de la vie sociale dans les structures sociales et médico-sociales. Stéphane Buzon s’en réjouit, même s’il est n’est pas aisé de garantir la représentativité des résidents car les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) comptent de plus en plus de personnes dépendantes. Le directeur général du pôle seniors des diaconesses de Strasbourg, qui regroupe quatre établissements, estime que « ce n’est pas parce qu’on a 94 ans qu’on n’a pas d’envies ni de projets. Les personnes qui vivent en EHPAD ont les mêmes droits et les mêmes prérogatives que ceux qui habitent chez eux. » Un travail a été mené par exemple pour permettre aux résidents de voter lors des élections politiques.

Du compost et la fin des bouteilles plastiques

Le pôle seniors a également initié depuis vingt ans une démarche éco-responsable en s’appuyant sur l’expertise d’un éco-conseiller depuis 2012. L’EHPAD de Koenigshoffen, le plus important du pôle où vivent 170 personnes âgées, a ainsi reçu en 2013 le trophée national du développement durable en établissement de santé et médico-social. « Le développement durable est encore peu développé dans notre secteur, souligne Stéphane Buzon. Vu que ce n’est pas encore obligatoire, nous pouvons mener des actions que nous trouvons intéressante avec le comité de pilotage où sont représentés les résidents, les familles, le personnel, l’administration et les responsables. » L’établissement est désormais reconnu dans son expertise et fait partie de cercles de réflexion au niveau national. Parmi les projets menés, la lutte contre le gaspillage alimentaire : « Cela a été un gros travail. Ce n’est pas le projet le plus  facile à mettre en place » estime le directeur général. « On ne gaspillait pas beaucoup à la base mais en 2015, avec un cabinet privé et les bureaux de l’agglomération de Strasbourg, nous avons mis en place le compost, viande comprise. On travaille avec des maîtres composteurs car avec de la viande, il y a des risques d’invasion de rat. » Le directeur général se félicite que les responsables et les équipes acceptent de prendre le temps de trier, « même si parfois, il y a encore des petits loupés » admet-il. La tonne de compost mensuel, ainsi produite, sert d’engrais pour le parc de 2,5 hectares de l’EHPAD de Koenigshoffen et les jardins des autres EHPAD du pôle.

Autre changement majeur depuis 2015 : le remplacement des bouteilles d’eau en plastique par des fontaines à eau, provenant de l’eau de ville. Ce dispositif permet d’avoir accès, à tous les étages de l’EHPAD, à une eau froide ou à température ambiante, plate ou pétillante, grâce à une recharge de gaz. « Là encore, cette démarche a été bien acceptée » conclut Stéphane Buzon.

De celui qui reçoit à celui qui donne 

En matière d’innovation, l’association baptiste pour l’entraide et la jeunesse (Abej) Solidarité de Lille expérimente aussi régulièrement des actions, et ce, au profit des sans-abris et des plus démunis. Parmi les exemples, on peut citer la halte de nuit. En 2011, cet accueil de nuit est mis en place, fonctionnant sur le modèle des accueils de jour mais ouvert la nuit. Quelques années plus tard, un autre projet expérimental voit le jour : la Maison du partage. Fin 2014, ce centre social est créé après quelques années de réflexion au bénéfice de personnes anciennement sans domicile et relogées mais souffrant de solitude et d'isolement. « Face au constat qu’un certain nombre de personnes relogées par l’Abej avaient du mal à s’insérer dans la société, à tisser des relations avec leur entourage, et souffraient de solitude et d’un sentiment d'inutilité, l’idée est venue d’une structure de type centre social qui contribuerait à faire passer les personnes du statut de ‘celui qui reçoit’ au statut de ‘celui qui donne’ » explique l’Abej Solidarité. Enfin, toujours à cette période, à l’initiative du ministère de la santé, l’Abej Solidarité de Lille a mené un programme expérimental, baptisé Un chez soi d’abord, avec trois autres sites en France, pour le logement des personnes ayant des troubles psychiatriques sévères.

Dans le partage plus que dans la compassion

Autre terreau d’innovation, le centre d’action social protestant (Casp) à Paris, dont la mission est de lutter contre la pauvreté, les exclusions et toutes les formes de détresse. Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d'éthique et aujourd’hui membre du Casp, a une haute vision de l’accueil et du respect de la dignité des personnes bénéficiaires. « Il ne s’agit pas seulement d’être dans la compassion. Les plus démunis ont des droits et notamment d’être respectés dans leur singularité. Ils ne sont pas seulement l’objet d’une charité qui irait du haut vers le bas mais doivent être entendus dans leur propre questionnement, sans être jugé. » Didier Sicard cite l’exemple des gens souffrant d’addictions. « On est en général très répressifs par rapport à ces personnes. Je pense plutôt que nous devrions être davantage à l’écoute de leur consommation et ainsi les aider, ne pas être pour ou contre elles mais avec elles. »

Pour Didier Sicard, la diaconie s’incarne dans le partage, « un idéal ». « Je suis très admiratif de ceux qui ouvrent leur maison aux plus démunis. Le vrai partage est difficile car cela demande un engagement dans sa vie, pas seulement financier ou le don de quelques heures, même si c’est une première étape. C’est loin d’être systématique dans les associations. Le Casp est en chemin sur ce sujet. »

Fabienne Delaunoy,
Journaliste