LES 27 ET 28 MARS, les adhérents de la Fédération de l’entraide protestante se sont retrouvés à Lille pour débattre autour de la notion de parcours.
Le concept de « parcours » s’impose de plus en plus dans tous les secteurs d’activité de la santé, du médicosocial et du social. Des conférences, des tables rondes avec des experts (théologien, médecin, sociologue, philosophe) et des ateliers thématiques sur le terrain avec des professionnels de l’action sociale, médicosociale et sanitaire, ont permis de faire le point sur le concept très général de « parcours » et d’identifier les difficultés et les opportunités qu’il représente. Ce faisant, les participants ont interrogé et confronté les notions de « parcours de soins » ou de « parcours de santé », communément admises, à celle de « parcours de vie » qu’ils privilégient.
Interventions de M-H. Boucand, L. Burgade et A.Villez, lors des Journées Nationales 2015 de la FEP
Regards croisés sur les parcours
Les intervenants de qualité comme la conseillère technique au CNSA, Lise Burgade, le directeur adjoint de l’Uriopss Nord Pas-de-Calais, Alain Villez, ou le médecin et philosophe, Marie-Hélène Boucand, ont permis de s’interroger sur le sens à donner au terme de parcours et à la pertinence de penser le travail social, sanitaire et médicosocial sous ce prisme. « Est-il raisonnable de demander à une personne de 80 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer, de définir son projet de vie? » a interpellé Alain Villez. Marie Hélène Boucand, a quant à elle interrogé la pertinence de la définition de son projet de vie par le bénéficiaire sous un angle éthique : « Est-il juste de demander à une personne fragilisée, qui doit faire face à sa maladie, son handicap ou sa détresse sociale d’élaborer un projet de vie, alors que l’on ne le demandera jamais à quelqu’un en possession de toutes ses capacités? ». Les participants ont pu, lors des ateliers organisés au sein des associations lilloises, poursuivre les débats et recueillir les témoignages de ceux qui agissent sur le terrain. Ces acteurs du quotidien, qui accompagnent les personnes au long de leurs parcours ont témoigné de la grande complexité du cheminement humain et de la difficulté d’individualiser comme d’institutionnaliser les parcours.
Les participants lors de l'atelier organisé par La Cimade
Les parcours : une opportunité pour repolitiser l’action sociale ?
La soirée publique en présence du sociologue Roland Janvier et de Jacques Richir, médecin et maire adjoint à la mairie de Lille a permis de penser les parcours en termes d’opportunité pour repolitiser l’action sociale. Pour Roland Janvier « il est urgent de faire de la question sociale une question politique et donc de refuser de la laisser se réduire à une simple dimension technique. C’est comme cela que le concept de parcours échappe à toute prédétermination pour devenir une voie ouverte d’initiative et de prise en main de son destin par l’usager : destin individuel indissociable du destin sociétal.»
I Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Roland Janvier
Jean Michel Hitter, président de la Fédération de l'entraide protestante (FEP) et François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), lors des Journées nationales de la FEP
Quels sont les signes protestants qui peuvent illustrer un parcours de soins ?
Pour clôturer ces débats, la table ronde réunissant Isabelle Bousquet, pasteur à la Fondation John BOST, Georges Dugleux, directeur-général adjoint de la Fondation Diaconesses de Reuilly et Patrick Folleville, ancien directeur du pôle urgence du Centre d’Action Sociale Protestant (CASP), a cherché a savoir s’il était possible d’identifier des signes protestants pouvant illustrer un parcours de soins. Pour Georges Dugleux, malgré la pluralité du protestantisme, trois illustrations peuvent être identifiées. La première est l’intention protestante qui « aide à résister au déterminisme, à résister au dogme et son corollaire qu’est l’autoritarisme ». La deuxième illustration tourne autour du partage et de la coopération, autrement dit, du « faire ensemble » et du « faire avec » permettant au protestantisme de proposer entre le « parcours de soin » et le « parcours de santé » une troisième voie qui est celle du « parcours de vie ». Enfin, la troisième illustration porte sur l’éthique. Une éthique du travail mais aussi une éthique de gestion et une éthique de responsabilité.
I Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Georges Dugleux
Des Journées placées sous le signe de la solidarité
Enfin, l’assemblée générale de la FEP s’est réunie le samedi après-midi, clôturant ces deux journées d’échanges et de réflexion rendues conviviales par les repas organisés par les associations locales qui se sont fortement impliquées dans la préparation des Journées Nationales 2015. Ainsi, le repas solidaire, partagé par les participants à la Soli (espace d’accueil et de restauration co-gérer par l’Entraide protestante de Lille), était préparé et servi par les bénéficiaires habituels de cet espace d’accueil. Des personnes en situation d’exclusion, qui servent des directeurs et présidents d’association, voilà un beau symbole …
Pour ce moment et pour tous les autres, la FEP tient à adresser à toutes et à tous un grand merci.
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