Du 15 au 17 mai s’est tenue, à Bucarest, l’assemblée générale d’Eurodiaconia, organisation qui regroupe les œuvres diaconales protestantes et orthodoxes de toute l’Europe. Pour la première fois dans l’histoire d’Eurodiaconia, une organisation orthodoxe accueillait cette assemblée générale.
La FEP était représentée par Isabelle Richard, sa présidente et moi-même, coordinateur du pôle Accueil de l’étranger. Organisé sur trois jours, le programme s’articulait autour d’un temps formel d’assemblée générale et des temps de travail et de discussion sur le du thème transversal « Diaconie et démocratie ». Quelques semaines avant les élections européennes, cet événement nous a invités à réfléchir et à travailler ensemble sur le lien entre démocratie et diaconie. Nos organisations ont-elles un rôle à jouer dans le développement de lieux permettant d’entendre la parole des citoyens et d’espaces pour susciter des discussions sereines ?
Au fil des interventions de chercheurs et chercheuses sur les enjeux de pauvreté et de participation démocratique, nous avons constaté à quel point lutter contre la pauvreté favorise la participation aux institutions démocratiques. En effet, plus les personnes sont pauvres et défavorisées, moins elles ont tendance à voter.
Deux anciennes députées du parlement européen, Jean Lambert et Ana Gomes, ont livré leur vision du futur et des perspectives en lien avec les élections européennes, avec des points forts de convergence autour de la nécessité de lier justices sociale et environnementale et de ne pas opposer lutte contre la pauvreté et lutte contre le changement climatique. Le risque est grand de voir aujourd’hui l’extrême droite en Europe prospérer en entretenant une forme de confusion des valeurs, s’érigeant en protectrice des plus vulnérables, contre les élites européennes, contre l’immigration et contre les normes européennes. Selon ces deux députées, nos organisations, œuvrant pour la protection des plus vulnérables, sans distinction et pour l’accueil du prochain, ont un rôle crucial à jouer pour éviter le délitement du tissu social et favoriser la cohésion sociale.
Ces réflexions menées durant deux jours avec des organisations de toute l’Europe ont été très riches et source d’apprentissage et de découverte de contextes différents dans lesquels les mêmes questions de fond se posent pourtant autour des risques qu’encourent nos démocraties. Elles résonnent de manière particulière dans l’actualité de la vie politique française. Nos organisations diaconales sont-elles impuissantes face à la montée des discours de haine ? Comment pouvons-nous intégrer de manière transversale les enjeux de démocratie dans nos actions, alors que les institutions démocratiques sont plus que jamais menacées ?
Un avis récent du Conseil économique, social et environnemental (CESE) intitulé « Renforcer le financement des associations : une urgence démocratique », apporte un début de réponse en faisant le lien entre l’intensité de la vie associative et la participation électorale, particulièrement dans les départements fortement touchés par le chômage. Dans ces derniers, la participation électorale était de 55,1 % dans les départements où la vie associative est intense (35 %) contre 43,2 % dans ceux à moindres activités associatives, soit un écart de 11,9 points1.
Dans la continuité de cette assemblée générale, nous poursuivons notre engagement à l’échelle européenne puisque la FEP accueillera, en avril 2025, à Paris, la prochaine assemblée générale d’Eurodiaconia. D’ici là, vous pourrez retrouver toutes les présentations et le travail effectué durant l’assemblée générale 2024 sur la page dédiée du site internet d’Eurodiaconia : https://www.eurodiaconia.org/agm-2024-business-session-documents/.
Guilhem Mante, coordinateur du pôle Accueil de l’étranger de la FEP
