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Rester parents face aux écrans 

Docteur en sciences de l’éducation, professeur d’université et présidente de l’établissement Daniel1, Véronique Haberey est régulièrement confrontée à des problématiques liées au mésusage des écrans. 

Pour les parents, l’écran est parfois un peu comme une nounou : les enfants se tiennent tranquilles. Selon l’OMS2, toute exposition devrait être proscrite avant l’âge de trois ans. Les parents ne sont pas toujours conscients des effets délétères des écrans. Il leur appartient de réguler leur usage car les risques en cas d’exposition prolongée sont nombreux pour la santé des enfants. 

 

Des répercussions sur la santé et les apprentissages 

Les enfants sont sédentaires devant les écrans, et qui dit sédentarité dit souvent obésité. On constate des problèmes d’équilibre, un retard psychomoteur, des douleurs cervicales, des dorsalgies et des troubles de la vision : champ visuel réduit, fatigue oculaire, vision de loin perturbée, myopie pandémique3. De plus, le cristallin des enfants filtre mal la lumière bleue des écrans. Elle perturbe l’endormissement mais aussi les phases et la qualité du sommeil. Le temps de sommeil total est raccourci et le niveau de fatigue élevé. 

Une exposition prolongée aux écrans freine la maturation cérébrale, surtout chez le jeune enfant et altère ses capacités de concentration et de mémorisation4. Avec des difficultés scolaires à la clef. 

L’identité se construit à travers le regard des figures parentales. La consommation journalière importante des écrans se fait au détriment des jeux de l’enfant, réduit la qualité et la quantité des interactions enfant-parent et peut être associée à des troubles de l’attention, une hyperactivité et un retard du langage5. 

Il existe enfin une forte corrélation entre symptomatologie dépressive et temps passé par les adolescents devant l’écran. Ceux qui font un usage abusif des écrans présentent souvent une anxiété sociale et des difficultés à entrer en relation, hormis par les réseaux sociaux. Stress, nervosité, migraines, irritabilité, labilité émotionnelle sont répertoriés. 

 

Vers un usage raisonné des écrans 

Il ne s’agit pas de proscrire les écrans, mais de limiter leur utilisation. L’écran n’est pas une solution de garde, ni un bon éducateur. Chez l’enfant de moins de deux ans, tout contenu télévisuel (éducatif ou non) a des conséquences développementales négatives, notamment sur les fonctions exécutives6. Les enfants apprennent moins à la télévision que par le biais d'une démonstration réelle. 

Les parents devraient favoriser la lecture, le sport, les sorties… et investir du temps avec leurs enfants. Rien n’est plus important qu’une relation de confiance et d’amour avec les figures d’attachement. Or, une paresse s’est installée chez des parents qui rechignent à sortir, jouer ou même communiquer avec leurs enfants. Les moments de complicité partagés à construire une cabane, jouer au foot… nourrissent le bien-être et l’estime de soi de l’enfant. 

La prévention contre l’abus d’écran devrait s’organiser à l’école, comme pour l’alcool ou le tabac, mais aussi dans les Églises. Des préparations à la parentalité pourraient être avantageusement proposées, en amont de la naissance de l’enfant puis aux moments clefs de son développement. 

Propos recueillis par Brigitte Martin 

 

 

 



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