Une population importante vit sur le territoire national et a pris l’habitude d’illustrer un proverbe qui disait : « Pour vivre heureux, vivons cachés. »
Mais pour ce qui est de vivre heureux, c’est raté. Ils vivent cachés pour éviter d’être arrêtés par la police ou la gendarmerie et renvoyés dans leur pays d’origine. En fait, certains d’entre eux ne sont pas expulsables : ils ont été déboutés du droit de vivre en France, mais la force du droit conjuguée avec la force publique ne sont pas suffisantes pour avoir raison de leur volonté de rester ici.
Car, quelles que soient les avanies qu’ils subissent au quotidien, ils ne veulent pas retourner là où ils sont nés : ce serait pire pour eux. Et puis, ils ont déjà subi tellement de peurs et de sévices au cours de leur périple pour arriver jusque chez nous. Tout plutôt que repartir.
Mais ce sont d’abord des femmes, des hommes, des enfants. Leur vie pendant cette attente s’égrène. Ils moisissent dans des conditions matérielles et morales catastrophiques. Un jour, si nous n’y prenons garde, ils seront (ne le sont-ils pas déjà ?) souffrants physiquement, démolis nerveusement, psychiquement.
Ils vivent non loin de chez nous. Heureusement des associations et des citoyens se démènent pour améliorer leurs conditions de vie. Cependant, l’espoir d’une amélioration substantielle de leur vie est bien lointain, voire inexistant. Une vie sans espoir. Comment peuvent-ils le supporter ? Et nous, comment pouvons-nous savoir cela sans réagir ?
Ils n’ont même pas le droit de travailler alors que des centaines de milliers d’emplois ne sont pas pourvus. Illogique ? Impensable ? Et pourtant vrai. Aussi la FEP a-t-elle entrepris de se lancer dans un projet pour leur permettre de sortir du tunnel où ils sont confinés.
Ah ! le confinement, parlons-en ! Ce fut pire. Catastrophique. Comme les personnes sans-papiers craignent le plus souvent d’être arrêtées par la police, elles sortent peu de leur hébergement (très souvent des squats, des tentes, des taudis, des bidonvilles). Nombreuses sont celles qui n’ont pas mangé à leur faim, malgré les efforts irremplaçables des citoyens et des associations.
L’Etat, où était-il ? Les communes et les collectivités territoriales se sont montrées bien plus actives, mais comment rencontrer celles et ceux qui se cachent par peur. La France est pour certaines populations, un pays de la peur ….
Alors les soins médicaux, il ne faut même pas y penser. A croire que notre Etat français – de triste mémoire – ne considère pas les personnes sans-papiers comme des êtres humains. La honte.
Un jour, nos enfants ou petits-enfants nous demanderont des comptes. Ils nous diront : « Comment avez-vous pu accepter cela ? ». De la même façon que nous avons du mal à comprendre comment nos ancêtres s’étaient accoutumés à l’esclavage. Même Voltaire et Rousseau y consentaient.
C’est pourquoi le moment est venu, au milieu de la tempête ambiante, de réclamer haut et fort la régularisation des personnes sans-papiers. Sur le site de la FEP, vous trouverez un appel de la présidente de la Fédération, en ce sens, ainsi que la tribune cosignée avec l’ANVITA et la lettre ouverte au président de la République cosignée avec les Etats Généraux de la Migration.
Relayez cet appel, écrivez à votre député, aux sénateurs de votre département.
Héritiers de la Déclaration des Droits de l’Homme, levez-vous et dites que cela n’a que trop duré.
Tous les hommes naissent égaux …
Pascal Godon, membre du conseil d’administration de la FEP et référent du Cercle accueil de l’étranger