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Réseau Esaïe de Grenoble – quelques nouvelles

Accueil de l’étranger
Vie fédérative
FEP - Rhône-Alpes - Auvergne - Bourgogne

« C’est un grand bonheur que nous avons à la maison »[1]

Le réseau Esaïe de Grenoble, né en 2011, permet d'héberger chez des particuliers, de quelques jours à 7 semaines et, à tour de rôle, des étrangers déboutés de leur demande d'asile ou des mineurs sans prise en charge par l’ASE [2]. Les familles en cours d’accueil ont sans hésitation décidé de prolonger les séjours jusqu’à la fin du confinement. Avec l’allongement des séjours, les liens se sont resserrés.

Le réseau Esaïe, une organisation particulière

Du fait de son statut particulier, le public accueilli à Esaïe « tourne » en moyenne 3 ans dans les familles, le temps de trouver une autre solution, d’obtenir un titre de séjour, et/ou, pour les jeunes, d’obtenir un CAP ou un bac pro. Certes, cette rotation est inconfortable pour les accueillis, mais c’est la solution qu’a trouvée le réseau pour lever les freins importants à la volonté d’accueillir : une installation trop longue des personnes faute de sortie possible et l’essoufflement pouvant mettre en péril la vie familiale. Ainsi, Esaïe limite la durée des séjours dans chaque logement et organise le passage d'un foyer à un autre.

Des effets tremplin intéressants

Cette rotation permet aux accueillis de connaître de nombreux français et a des effets tremplin intéressants :

- un soutien affectif inestimable : si une relation privilégiée se met en place avec un hôte, ce dernier inscrit l’accueilli dans un tissu social, le conviant à des activités non seulement pendant l’accueil, mais également après la fin de celui-ci ;

- un soutien administratif facilitant l’insertion socioprofessionnelle : au-delà d’ouvrir leur domicile, certains hôtes s’engagent dans un « cheminement » pour les diverses démarches avec les migrants.

Soutien scolaire et petits travaux

Ce qui est remarquable, c’est le choix fait par les ménages de prolonger l’accueil durant tout le confinement, d’autant plus qu’au bout, reste la certitude d’une sortie. Les jeunes scolarisés ont accès aux devoirs préconisés par leurs enseignants via l’ordinateur de la famille où ils sont. De plus, ils bénéficient d’un important soutien scolaire de l’accueillant, entre 2 à 4 h par jour, chose impossible en temps ordinaire, quand l’accueillant travaille. Autre constat : tous, jeunes ou adultes, ont à cœur de proposer des coups de main, jardinage, nettoyage, bricolage, etc.

Don et contre don : une relation fondée sur la réciprocité

Accueillants et accueillis sont soumis à la même contrainte : le respect du confinement. Ils se retrouvent sur un pied d’égalité ; le statut administratif ne compte plus, et cela change la relation.

Nous savons bien qu’à Esaïe, en temps normal, les relations sont fondées sur des rapports dissymétriques : il y a ceux qui offrent le gîte et le couvert, et ceux qui le « reçoivent ». Le confinement casse momentanément cette inégalité et met en avant la réciprocité des échanges. Il donne aux accueillis la possibilité de concrétiser leur désir de reconnaissance…

Anne Marie Cauzid, Réseau Esaïe, Comité régional FEP-Rhône-Alpes-Auvergne-Bourgogne

 

[1] Parole d’un accueillant
[2] Aide sociale à l’enfance versée par l’assemblée départementale



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