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Face au COVID-19, la protection de l’enfance reste leur mission

Enfance – Jeunesse
Vie fédérative

Cette crise sanitaire sans précédent met à l’épreuve l’ensemble de notre société.

Face au COVID-19, c’est un combat quotidien que mènent les équipes des services hospitaliers mais aussi celles des établissements sociaux et médico-sociaux.

Certaines populations semblent plus vulnérables que d’autres et comme nous le savons, les personnes âgées ne sont pas épargnées. Les enfants et les jeunes, eux, non identifiés en tant que tels, ne sont pas, pour autant, à l’abri de l’impact de cette pandémie. Si leur santé physique paraît moins menacée par ce virus, nous devons néanmoins porter une attention particulière à ces mineurs déjà dans des situations précaires et/ou fragiles avant le début de cette crise. Le temps du confinement impose des mesures strictes et des contraintes qui bouleversent le quotidien de ces jeunes, entravant leur sentiment de liberté, les plongeant dans l’incertitude, l’insécurité et l’angoisse, privant certains des liens familiaux, en laissant d’autres dans des situations de profond désarroi, voire même d’errance.

Pour pallier les effets collatéraux de cette période de confinement, de nombreux établissements restant ouverts comme les MECS ou fonctionnant à effectifs réduits comme certains foyers, se mobilisent et font face à la prise en charge de ces jeunes avec l’appui des professionnels engagés, soucieux d’agir au mieux, et souvent se portant volontaires. Dès le 19 mars 2020, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, Adrien Taquet, a communiqué l’ensemble des consignes d’adaptation à la crise du Covid-19 à destination des acteurs du secteur de la protection de l’enfance.

Réinventer le quotidien

 Parmi ces acteurs, on compte les Maisons d'Enfants à Caractère Social (MECS) et les foyers dépendant de l’ASE (Aise Sociale à l’Enfance). Les MECS accueillent des enfants confiés dans le cadre de la protection administrative ou judiciaire, pour une durée plus ou moins longue. Elles accompagnent des enfants à se reconstruire psychologiquement, leur donnent des repères et les encouragent à se responsabiliser. Elles sont un vecteur de lien avec les familles et les milieux d’origine.

Au sein de la FEP, nous nous réjouissons de constater que pour la majorité de ces établissements, même si tout n’est pas simple et demande beaucoup de travail, cela se passe le mieux possible. La première semaine fut souvent un temps d’adaptation, voire de flottement, souvent compliqué par le manque de moyens matériels et la réorganisation des équipes d’encadrement mais la vie confinée s’est organisée ! « Colocorona » ! Tel est le nom donné à cette période vécue, par le foyer Saint-Jean de l’association Résonance à Mulhouse, évoquant le confinement comme une colo !

Le quotidien se réinvente avec des jeunes responsables ayant bien compris la gravité de la situation et très attentifs aux gestes barrières : une organisation plus souple quant à un confinement strict en respectant les injonctions gouvernementales, « pour pallier l’absence d’école, collège, lycée pour les enfants, des activités à l’intérieur ou à l’extérieur de l’établissement doivent être mises en place. En application des mesures-barrières, ces activités relèvent pleinement de la mission de protection et sont autorisées dans un respect strict des consignes sanitaires ». Le quotidien est donc souvent revisité mais structuré, sans discontinuité, pour ne pas générer une insécurité supplémentaire. Des cours le matin et des activités l’après-midi qui rythment la journée et fédèrent jeunes et encadrement.

Tous démunis face à ce virus et tous confinés, réapprendre à vivre ensemble !

Des équipes impliquées et pleines de ressources qui se mobilisent pour que cette situation extraordinaire devienne ordinaire. Une solidarité qui se vit entre établissements, comme au sein de la Fondation Armée du Salut où trois personnes d’un centre social de Lyon, qui n’a plus d’activités, ont rejoint la résidence maternelle des Lilas, à Paris, pour assurer des animations auprès des jeunes enfants de 0 à 3 ans. Une organisation plus souple au sein d’un même établissement où le brassage entre les personnels des différents services est fécond. Etre à l’écoute, maintenir les liens avec les familles, quand ils existent, garder le contact avec ceux qui sont rentrés chez eux sont aussi les enjeux d’un confinement « réussi ».

Il n’en demeure pas moins quelques points pouvant être anxiogènes : la question des examens, celle de la formation des jeunes, l’incertitude sur les contrats jeunes majeurs, les problèmes inhérents à la fracture numérique et l’accès à internet…

Quand le temps du déconfinement s’amorcera, il faudra peut-être capitaliser sur cette façon de travailler permettant une certaine souplesse que l’on n’avait pas auparavant.

Mineurs non accompagnés

Le tableau concernant les mineurs non accompagnés (MNA), mineurs migrants, seuls, résidant sans leurs parents sur notre territoire, est plus sombre.

L’accompagnement des enfants et des jeunes au titre de la protection de l’enfance est d’une importance primordiale. Et pourtant, sommes-nous sûrs que cette mission soit garantie quand les obstacles à l’accès à une protection effective pour les MNA perdurent malgré les mesures d’urgence prises par le gouvernement, à savoir la mise à l’abri systématique et prise en charge des mineurs et jeunes majeurs non accompagnés :

- Interdiction de sortie des dispositifs de l’Aide sociale à l’enfance de chaque enfant atteignant sa majorité durant la période de crise du Covid-19.
- Tout jeune évalué mineur ou majeur sera mis à l’abri, soit par une prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance, soit via un hébergement d’urgence, durant cette même période de crise exceptionnelle.

Malheureusement, la réalité est toute autre ! A Besançon, et c’est un exemple parmi d’autres, les MNA non reconnus mineurs sont à la rue et ceux reconnus mineurs sont placés dans des hôtels, sans mesures barrières, certains ayant été contaminés par le COVID-19. Ces derniers sont alors relogés dans d’autres hôtels où ils sont confinés dans des chambres individuelles. Il n’est pas inutile de rappeler que la problématique de reconnaissance de la minorité de ces jeunes ne doit pas, en aucun cas, être une entrave à leur mise à l’abri.
« Une continuité d’activité doit être prévue en ce qui concerne les missions relatives à l’évaluation, la mise à l’abri et l’accompagnement des mineurs non accompagnés. En cas de difficultés à réaliser l’évaluation de la minorité, notamment du fait de la suspension de l’utilisation de l’outil « aide à l’évaluation de minorité », il est prioritaire d’assurer a minima la mise à l’abri et l’accompagnement de ce public. » (textes 19 mars 2020)

Tous les départements ne semblent pas être au diapason de ces recommandations. Accueil provisoire d’urgence inexistant à certains endroits, fermeture provisoire du dispositif d’évaluation à d’autres, accès au 115 non prioritaire … ne relèvent pas de l’exceptionnel.

C’est pourquoi, la FEP avec 35 associations, syndicats et 88 avocats d’enfants ont adressé, le 6 avril 2020, une lettre ouverte au Premier ministre ayant pour objet une demande de mesures contraignantes pour assurer la protection de tous les mineurs accompagnés dans le contexte du COVID-19.

Ces jeunes étant en errance, et n’étant pas au courant de mesures liées au confinement, par manque d’informations ou barrière de la langue, certains d’entre eux ont eu une amende pour défaut d’attestation alors qu’ils n’avaient pas de lieu d’hébergement. La suspension des démarches administratives, les retards de traitement ou suspension des contrats jeunes majeurs, la peur d’attraper le virus sont autant de sources d’anxiété tendant à aggraver la situation de ces mineurs.

Au sein de notre réseau des MECS, telle que celle des Enfants de Rochebonne à Saint-Malo (Fondation Armée du Salut) ou la Fondation Institut Protestant de Saverdun en Ariège accueillent et accompagnent des mineurs isolés étrangers. Une éclaircie pour ces jeunes confinés, certes, mais dans un cadre structuré et protégé !

Le confinement, terreau favorable aux violences intrafamiliales

Le confinement bouleverse l’équilibre systémique des familles.

Certains enfants placés dans des établissements sont de retour au sein de leurs familles. La fermeture des écoles, la suppression des activités périscolaires ne permettent plus de prendre des respirations quotidiennes. Les tensions, l’anxiété et la promiscuité dans des logements souvent exigus sont des facteurs propices à des épisodes de violence et force est de constater que le suivi par les travailleurs sociaux, dans le respect des règles sanitaires, n’est pas toujours possible. Dans ces circonstances, les inégalités se creusent et les situations les plus fragiles sont les plus explosives.

Pour faire face à ces situations tendues ou aux violences intrafamiliales, dommages collatéraux du confinement, des lieux d’accueil d’urgence sont ouverts. Le ministère des Solidarités et de la Santé a lancé une campagne de sensibilisation à la question des violences faites aux enfants visant notamment à mieux faire connaître le 119. Ce numéro d’appel pour l’enfance en danger est joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, les appels d’enfants étant prioritaires. Les services de l’Etat rappellent que « le traitement des contentieux urgents est assuré, des permanences sont tenues dans les tribunaux pour enfants afin de prendre les mesures utiles de protection pour les enfants exposés à une situation de danger. En cas d’urgence, des ordonnances de placement provisoire peuvent être rendues par les magistrats pour garantir leur protection. »

La vigilance reste de mise !

Centres de rencontre et de vacances

Enfin, parmi la liste des lieux impactés par les conséquences de cette crise sanitaire, se trouvent les centres de rencontre et de vacances.

Accueillant, normalement, tout au long de l’année, des classes vertes, des séminaires, des colonies, des séjours en famille, ou des sessions de formation, ces activités sont complètement arrêtées depuis le 15 mars 2020. Les équipes salariées sont en chômage partiel et à ce jour il est difficile d’avoir une visibilité quant à la réouverture de ces centres.

L’impact financier risque d’être très important pour ces établissements qui ne perçoivent pas de financement public.

Véritables lieux de vie pouvant, pour certains, accueillir des personnes en situation de handicap mais aussi lieux d’éducation populaire, ces centres jouent un rôle social très important et il faut espérer que dès l’été des projets verront le jour.

Le secteur enfance jeunesse est certes moins touché que celui des personnes âgées mais les équipes, sur le terrain, sont tout autant mobilisées et déploient beaucoup d’énergie pour faire face à cette crise inédite !

Faire face et réapprendre à vivre ensemble dans des espaces confinés en s’autorisant parfois un peu de souplesse dans l’organisation, ce qui offre une certaine quiétude et ouvre peut-être, dès aujourd’hui, de nouveaux horizons pour demain !



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