26.01.2016
Lutte contre les exclusions
Communiqué
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La FEP a décidé de consacrer une partie de ses priorités 2015-2017 à la très grande exclusion. Pourquoi cette priorité ?
La très grande exclusion parce que se multiplient les cas de personnes qui n’accèdent plus aux dispositifs mis en place pour eux. Les « disparus » de la protection sociale ne pointent plus dans les services sociaux, ne viennent plus chercher un abri pour la nuit, ne se soignent plus… Les écrans radar de notre système social, pourtant si envié hors nos frontières, ne repèrent plus les naufragés de la vie. Pis encore, notre système les évitent, comme les déboutés du droit d’asile, dont personne ne veut.
La très grande exclusion parce que le simple mot d’exclusion a perdu une partie de son sens. Dans une société riche et repue, doutant de son bonheur, la mécanique de l’exclusion ou le sentiment d’exclusion touchent de plus en plus de personnes : les femmes, les jeunes sans diplôme, les chômeurs, les personnes âgées, les paysans et les travailleurs pauvres, les interdits de crédit… Les exclus de jadis, les sans toit, les pauvres et les reclus se sentent un peu plus rejetés.
La très grande exclusion parce que nous ne savons pas réformer. Les politiques publiques, laborieusement, année après année, empilent les dispositifs coûteux sans oser interroger leur efficacité ; leur simple remise en cause est déjà, semble-t-il, un crime de « lèse-société ». Pas d’évaluation, pas d’innovation, pas de reconstruction.
La très grande exclusion parce qu’il devient intolérable que l’on s’habitue aux morts de la rue, aux familles changeant de chambre d’hôtel tous les soirs, aux pathologies lourdes que les urgentistes observent auprès des personnes qui échouent au plus fort de la crise, dans leurs établissements.
La très grande exclusion, enfin, parce que les travailleurs sociaux sont épuisés par les efforts qu’ils doivent multiplier pour sortir un petit nombre du chaos. La baisse d’efficacité des aides dont ils disposent les bouleverse et les accable, le découragement pointe, au fur et à mesure que les échecs se renouvellent.
Alors, il faut prendre à bras-le-corps cette problématique, partager, essayer, convaincre. Un vaste chantier que nous ne pourrons pas mener tout seul.
Jean Fontanieu
Secrétaire national de la FEP