FEP - Fédération de l'Entraide Protestante  /  Thématiques d'action  /  Accueil de l’étranger  /  La crise, une chance pour réinventer le lien

La crise, une chance pour réinventer le lien

Accueil de l’étranger
Enfance – Jeunesse
Handicap
Lutte contre les exclusions
Personnes âgées
Santé

visu 1 article 2

« Moins de biens, plus de liens ! ». Telle est la maxime des tenants de la décroissance. Mais pour tous ceux qui viennent frapper à la porte de l’Association Protestante d’Assistance (APA) à Nîmes, il ne peut être question de décroissance volontaire quand on est affecté par le minimum vital et la précarité.

Le slogan qui correspond le mieux à la réalité des personnes en précarité serait plutôt : « Moins de biens, moins de liens ! ». Depuis longtemps, on sait que la précarité rétrécit ce que l’on a appelé le capital social1 et entraîne les personnes dans une spirale d’isolement et d’exclusion. En 2011, une auteure catholique a écrit un livre, au sujet de la crise économique actuelle, au sous-titre provocateur : « La crise, une chance pour réinventer le lien »2. Une chance bien difficile à saisir pour tous ceux qui se trouvent dans les situations de précarité et de fragilité que provoque cette crise multi-sectorielle que nous connaissons !

La précarité isole
Pourtant, s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une chance, nous vivons les rencontres avec ceux que la précarité oblige à frapper à la porte de l’APA comme une vraie opportunité « pour réinventer du lien ». Participer au renforcement des liens avec les personnes isolées par la précarité et à ce maillage nécessaire entre les différents acteurs sociaux est le vrai défi que la crise pose à notre société et auquel nous essayons de répondre à l’APA.
Au travers des différentes aides que nous apportons à ces personnes fragilisées par des parcours de vie brisés, nous essayons d’ouvrir une brèche dans ce qui leur apparaît être comme un étau inéluctable et désespérant, et qui bien souvent les isole et les coupe de toute relation. Et pour davantage encore « tisser ces liens » en interne avec les personnes accueillies au sein de l’association comme avec les autres acteurs de la solidarité nîmoise, l’APA s’engage aujourd’hui dans deux projets importants.

Un lieu dédié à l'écoute
L’ensemble des activités de l’APA sera prochainement regroupé autour d’un espace d’accueil et de convivialité destiné à accueillir les personnes en difficulté sociale et les familles. Ce lieu sera dédié à l’écoute de ces personnes afin de pouvoir mieux les accompagner, les conseiller et les orienter vers les activités de l’APA ou vers des prises en charge extérieures. Il comportera un coin « café », des espaces « lecture » et « infos » (petites annonces d’emplois, activités culturelles dans la ville, annuaire des associations de solidarité, etc.) et une aire d’accueil et de détente pour les enfants.

La force du réseau
L’APA est également en train de constituer un réseau associatif afin de donner plus de cohérence aux actions menées par les différents services d’action sociale de la ville. Il s’agit du Réseau des associations nîmoises d’action et d’intervention sociales (Réseau ANAIS), piloté par l’APA et rassemblant les acteurs privés et publics de solidarité présents sur le territoire de la Commuté d’Agglomération Nîmes Métropole. Ce réseau ANAIS est destiné à favoriser la cohérence des actions des associations, l’égalité d’accès aux divers dispositifs et la mise en place d’un parcours coordonné pour les personnes accueillies au sein des différents services sociaux associatifs et publics. Il veut être également un observatoire et un lieu de vigilance, de concertation, de propositions en ce qui concerne les situations locales de précarité et de respect des droits des personnes.
Les logiques libérales qui installent les personnes dans la précarité et celles qui mettent en concurrence les associations ont les mêmes effets : elles les coupent de toute relation. À nous de réinventer les liens !

 

1. Pierre Bourdieu définit le capital social comme « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’inter-connaissance et d’inter-reconnaissance » Bourdieu P. (1980), “Le capital social. Notes provisoires”, Actes de la recherche en sciences sociales, n° 31, janvier, pp. 2-3
2. Elena Lasida, 2011, « Le goût de l'autre. La crise, une chance pour réinventer le lien », Paris : Albin Michel, 326 p.

 

 

Philippe Verseils
Responsable de l’Action Sociale à l’Association Protestante d’Assistance à Nîmes

Source : Grâce à la crise, refonder l'action, Proteste n°137, mars 2014



Pour aller plus loin

Voir toutes les actualités >