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Élèves orientés ou désorientés ?

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Depuis la décision du Conseil européen de Lisbonne en 2000 de faire de l’Europe la société de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique au monde, l’orientation scolaire et professionnelle est au premier plan des politiques éducatives des pays membres. Qu’en est-il en France ? Hélène Vandeventer, conseillère principale d’éducation dans un lycée professionnel, fait le point.

Proteste : En 2014, où en est l’accompagnement des élèves face à leur choix d’orientation ?
Des actions ont été mises en place. Parmi elles, des formations sur l’orientation proposées aux enseignants (mais qui ne sont pas assez utilisées), la création de forums des métiers et des formations pour les élèves et leur famille, des temps de découverte des métiers intégrés dans le programme scolaire et bien d’autres initiatives en ce sens. Mais lorsqu’on observe la difficulté que rencontrent les élèves pour faire leur choix d’orientation, toutes ces actions restent insuffisantes ou souvent trop générales. En effet, l’orientation est un parcours souvent semé d’embûches. L’élève doit obéir à une « injonction paradoxale » car il est pris entre son milieu familial et social qui le pousse à élaborer son projet, et ses contraintes personnelles liées à l’adolescence où il est en questionnement sur son identité et ses motivations. En plus, le pessimisme ambiant véhiculé par les médias et accentué parfois par certains enseignants influe négativement sur les élèves.
Pourtant, voici ce que je rencontre au quotidien dans mon travail de conseillère principale d’éducation dans un lycée professionnel : les élèves attendent qu’on les écoute avec attention et empathie. Ils ne peuvent pas bâtir un projet sans un vis-à-vis extérieur. Beaucoup d’élèves restent incertains longtemps quant à leur orientation ; ils manquent de convictions car l’école demande de se déterminer de plus en plus tôt, ce qui produit souvent un stress et une pression qu’ils ont du mal à accepter et à gérer. Trop souvent, l’orientation est perçue comme relevant d’un processus rationnel. Les élèves ont besoin de temps et de considération. Sans une écoute active et une connaissance de l’élève et de son milieu de la part des équipes pédagogiques, comment pourrait-il comprendre et choisir sereinement son orientation et saisir ses enjeux ?

Proteste : Que faut-il mettre en place concrètement pour que les élèves appréhendent mieux leur projet d’orientation ?
La collaboration au sein des équipes pédagogiques est indispensable car beaucoup plus pertinente pour l’élève et son projet. L’amélioration de son dossier scolaire en créant une rubrique « projet d’orientation » pourrait contribuer à un meilleur suivi. Le dossier de l’élève ne nous donne pas suffisamment d’informations le concernant. Un projet se construit par étapes, c’est pour cela qu’il est nécessaire qu’il y ait une continuité entre le collège et le lycée.
Ensuite, je crois que la relation école-famille doit être une des priorités afin de travailler avec plus de cohérence éducative. Cet effort poursuivi permettra d’informer sur les différentes filières et formations possibles avec plus de précisions et surtout de rassurer les familles face à la complexité du système éducatif en termes d’orientation.
Je pense que les élèves ont besoin d’être considérés autant individuellement que collectivement. L’information et l’explication des différents métiers et formations pour accéder à leur projet se fait toujours de manière collective et c’est une bonne chose. Mais l’accompagnement individuel ne doit pas être oublié. La communauté éducative doit prendre conscience de cette réalité et sortir d’un fonctionnement qui ne fait plus ses preuves aujourd’hui.

 

Propos recueillis par Édith Tartar Goddet
Présidente de l’Association protestante pour l’éducation et l’enseignement (ap2e)

Source : Education, Proteste n°137, mars 2014



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