14.03.2014
Accueil de l’étranger
Enfance – Jeunesse
Handicap
Lutte contre les exclusions
Personnes âgées
Santé
Le foyer international de Massy en Essonne, géré par l’association de défense des étrangers La Cimade, reçoit des migrants pouvant rester légalement en France, forts du statut de réfugié ou de la protection subsidiaire, et des femmes étrangères victimes de violence. Le centre prend en compte la vie privée et affective des résidents, mais comment ?
La mission principale du centre à Massy est l’accueil et l’accompagnement dans leur parcours d’intégration de personnes migrantes ayant le statut de réfugié et de leurs familles. Une centaine de personnes y est accueillie tous les ans (59 % d’hommes en 2013). La durée du séjour est en moyenne de deux ans et demi. Cet accompagnement vers l’intégration se traduit par des actions concrètes menées par des salariés et des bénévoles, avec des partenaires : accès aux droits sociaux dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la famille ; aide à la parentalité ; apprentissage du français ; soutien à l’insertion professionnelle ; accès à un logement autonome, etc. L’accueil des femmes étrangères victimes de violence est plus récent. Six femmes et cinq enfants sont actuellement accueillis et bénéficient des mêmes prestations que les personnes reconnues réfugiées.
Ni nouveau, ni tabou
La vie affective et sexuelle des personnes accompagnées n‘est ni un sujet nouveau ni un sujet tabou. Il faut toutefois qu’une relation de confiance ait déjà pu s’établir pour aborder des questions personnelles, voire intimes. Une relation qui peut être entravée par les situations traumatisantes que les migrants ont pu connaître dans leur pays ou leur parcours d’intégration.
Nous avons développé deux manières d’aborder cette question : soit lors d’entretiens individuels avec l’équipe sociale du centre, soit lors de réunions concernant les questions de santé.
Lors d’entretiens individuels, il est fréquent que les résidents s’interrogent sur la question de la contraception (préservatif, demande de consultation d’un gynécologue par exemple) ou lorsqu’ils doivent remplir un questionnaire médical de la CPAM en vue d’un bilan de santé. Les réponses peuvent être apportées directement par les travailleurs sociaux lors de l’entretien ou reprises par l’équipe lors d’un atelier. Le travail collectif est mené à partir de questions vues en entretiens individuels mais aussi lors des réunions régulières avec les représentants des résidents, où sont traités divers problèmes de la vie collective.
Tous les sujets de la vie intime
Les situations évoquées et les sujets sont très divers : demande d’hommes seuls souhaitant être rejoints par leur compagne, constat de maternités non désirées lors de l’arrivée de la famille dans le cadre d’un rapprochement familial, résidents choqués par la tenue légère de femmes sortant des douches, manque d’attention dans la façon de se débarrasser des protections intimes féminines…
Ces questions sont reprises par l’équipe de Massy. Les réponses peuvent être apportées par des explications individuelles ou lors de réunions spécifiques, par thème (gestion des parties communes du foyer par exemple) et par public (hommes ou femmes séparément).
En 2013, la Cimade a voulu aller plus loin dans cette problématique, pour intégrer globalement la dimension « santé » (vaccination, bilan, sexualité, etc.) des résidents. Cette volonté a été concrétisée par le partenariat avec le CDPS (centre départemental de prévention et de santé). Deux réunions ont eu lieu en avril et mai 2014, la première pour les femmes et la seconde pour les hommes afin d’aborder ces questions avec les travailleurs sociaux de Massy et deux infirmières du CDPS.
L’équipe de Massy apporte ainsi une réponse diversifiée, personnelle ou collective, aux questions concernant la sexualité alors même que la formulation n’en soit pas toujours évidente.
Guy Vignal
Bénévole à La Cimade Ile-de-France
Source : La vie intime et affective des usagers, Proteste n°138, juin 2014