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Dîner du Cercle Charles Gide

Discours d'Isabelle Richard

Monsieur le Président de la République, Monsieur le ministre, Monsieur le Président de la Fédération Protestante de France, cher François, Messieurs les Représentants des Cultes, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur le Président du Cercle Charles Gide, cher Xavier, Mesdames et Messieurs les présidents et présidentes d’associations, chers amis,

Le Cercle Charles Gide a décidé d’offrir le bénéfice de cette belle soirée à la Fédération de l’Entraide Protestante pour soutenir l’action de nos membres. C’est un cadeau magnifique et en leur nom je tiens à vous exprimer notre profonde reconnaissance. Je remercie également les généreux donateurs qui ont financé l’intégralité du coût de l’événement, et vous tous, invités rassemblés ce soir, qui par vos dons soutenez les projets d’hommes et de femmes engagées sur le terrain pour combattre la pauvreté, la souffrance et l’exclusion…
Vous n’imaginez sans doute pas à quel point votre soutien peut faire la différence, pour une petite association qui se bat au quotidien pour accueillir, nourrir, héberger, soigner, instruire, conduire vers l’emploi… « La moisson est grande et il y a peu d’ouvriers… », disait Jésus à ses disciples. Grâce à votre aide, une douzaine de projets innovants vont pouvoir moissonner bien davantage, et répondre aux besoins urgents de ceux que notre société laisse au bord de la route.

Un comité de sélection réunissant un chercheur, un professeur de théologie, une présidente d’entraide de paroisse, un ancien directeur d’établissement médico-social, et quelques autres, se constitue ces jours-ci. Présidé par Xavier Moreno, il sera chargé de définir les critères d’un appel à projet et de sélectionner les initiatives retenues. L’intégralité des dons reçus ce soir sera reversée aux associations lauréates lors de l’assemblée générale de notre Fédération, le 8 avril prochain.

La Fédération de l’Entraide, fidèle à la tradition protestante de discrétion et de sobriété, n’est pas très connue du grand public, ni même parfois de certains de nos co-religionnaires !
Pourtant, elle rassemble, anime et soutient un réseau puissant de 370 associations et fondations, totalisant plus de mille établissements et services de l’action sociale, médico-sociale et sanitaire. Nos membres œuvrent au quotidien auprès des plus vulnérables : les personnes en situation de précarité, l’enfance et la jeunesse, les étrangers, les personnes en situation de handicap, les malades, les personnes âgées.
Tous ensemble, ils accueillent ou accompagnent chaque année plus d’un million de personnes et cela grâce à l’engagement d’environ 25 000 salariés et 14 000 bénévoles !
Le poids économique consolidé de l’ensemble de nos adhérents s’élève à 1,7 milliards d’euros. Mais au-delà de ces chiffres, ils sont avant tout les acteurs de première ligne qui contribuent à construire une société plus ouverte, plus inclusive et plus fraternelle, reconnaissant à chaque personne une place juste et digne.
L’Entraide Protestante se distingue par la diversité de ses membres, depuis les diaconats de paroisse rassemblant quelques bénévoles, jusqu’aux fondations implantées dans toute la France et comptant des milliers de salariés, comme la Fondation de l’Armée du salut, la Fondation John BOST et bien d’autres. Certains d’entre eux sont présents ce soir, et je les salue chaleureusement.
Le rôle de la Fédération vis à vis de ses adhérents est triple : d’abord une mission d’animation du réseau, pour dialoguer et mutualiser, puis une mission d’innovation pour réfléchir et expérimenter et enfin une mission de représentation pour interpeller et proposer.

Pour mener à bien ce travail, nous nous appuyons sur notre ancrage spirituel et éthique protestant pour susciter le débat, interroger les pratiques et nourrir le sens de l’action. Et nous collaborons aussi avec nos partenaires européens.

C’est cette vision que nous partageons avec les mécènes français ou internationaux du monde économique qui nous soutiennent déjà, comme la Fondation Porticus, la Fondation Entreprendre, et bien d’autres qui cherchent à placer leur activité dans une dimension responsable, solidaire et porteuse de sens pour leurs équipes et pour la société. Nous souhaitons développer davantage encore ces opportunités d’échanges et de synergies avec le monde de l’entreprise, et l’événement de ce soir en est un exemple très encourageant..

Enfin, nous entretenons un dialogue étroit avec l’État, qui s’incarne notamment par la convention signée avec le Ministère de l’Intérieur et le Ministère des Affaires Etrangères relative aux Couloirs Humanitaires. Ce protocole permet l’accueil en France de personnes très vulnérables depuis les camps de réfugiés du Liban. Il présente l’originalité de s’appuyer sur des collectifs d’hébergeurs citoyens, qui jouent un rôle décisif pour l’inclusion de ces familles étrangères dans la société française.
Je rappellerais également la convention que nous venons de renouveler avec la Direction Générale de la Cohésion Sociale, qui nous engage à développer des expérimentations pour lutter contre la grande exclusion.
Je citerai, enfin, le secteur du médico-social auquel 1/3 de nos associations sont rattachées et qui est majoritairement financé par des fonds publics. Durant la pandémie, ces professionnels étaient le bras armé de l’État, ils ont permis à la nation de « tenir », mais aujourd’hui, vous le savez, ils sont épuisés et découragés et désertent la profession, notamment dans le handicap, menaçant parfois la continuité de service de certains établissements.

Monsieur le Président de la République, le monde associatif est une des perles de notre pays. Complémentaire du service public, il joue un rôle majeur pour la santé, la paix sociale, la culture et la solidarité. Il convient de le soutenir et de lui accorder sa juste place.
Les associations protestantes que nous représentons ce soir ne se positionnent pas en militantes contestataires ou dogmatiques, mais dans un esprit de dialogue constructif, dans l’affirmation de convictions fortes au service d’une nouvelle fraternité. Plagiant Charles Gide, qui fut l’un des fondateurs du Christianisme social à la fin du XIXe siècle, je parlerais d’un « militantisme de l’Espérance », inspiré par notre foi en Dieu et en l’homme.

Dans notre époque troublée, où les repères disparaissent et où la peur saisit nombre de nos contemporains, le sens des responsabilités, les valeurs d’accueil et de solidarité, et une certaine audace continuent d’animer ces protestants que vous aviez honorés, en les désignant en 2017 « vigies de la République », lors du 500e anniversaire de la Réforme.

Pour terminer, et comme un clin d’œil à nos hôtes de ce soir, je citerais donc Charles Gide, qui participa à la gouvernance de plus de 50 associations et qui écrivait : «  L’homme a besoin d’être enveloppé par un réseau d’associations, depuis la plus petite qu’est la famille, jusqu’à la plus grande qui est l’État, et qui toutes, comme des couches superposées, servent à protéger sa personne, son foyer, ses intérêts, son bonheur. »

Je vous remercie de votre attention et de votre soutien.

Isabelle Richard,
Présidente de la Fédération de l’Entraide Protestante