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Covid-19 – Les jeunes majeurs sortant de la Protection de l’enfance

Enfance – Jeunesse
Vie fédérative

Protection du personnel, fermeture sur l’extérieur tout en conservant le lien là où c’était possible et souhaitable avec les parents, adaptation de l’organisation à un accompagnement 24 h/24 en interne et, suivant les services, accompagnement à distance et au domicile. L’ensemble des professionnels ont fait preuve d’une créativité et d’un engagement remarquables.

Partout, solidarité entre les professionnels pour gérer les absences de collègues dues aux suspicions ou aux cas avérés Covid-19, malgré la fermeture des établissements scolaires et des lieux de stage, poursuite de l’accompagnement éducatif et professionnel, tout cela dans un climat des plus anxiogènes. Non seulement les organisations ont assuré leurs missions au service des publics accueillis mais elles ont su se réinventer, briser bien des barrières invisibles qui s’étaient installées au fil des années et vivre avec les enfants et adolescents impliqués dans cette aventure une expérience sur laquelle nous aurons tous à capitaliser.

La vulnérabilité à l’entrée dans l’âge adulte est un sujet crucial. Notre société demande à des jeunes plus fragiles, au passé complexe et sans soutien familial, une autonomie plus précoce que ceux bénéficiant d’un soutien. Cette problématique est particulièrement transversale, car elle touche à l’accès au logement, à l’éducation, à la formation, à la capacité d’activation des différentes aides possibles.

Les jeunes majeurs, particulièrement vulnérables face à la crise

Nous le savons, les conséquences économiques de cette crise vont durablement affecter notre pays. Nous l’observons dès à présent à travers l’explosion des demandes d’aides alimentaires par exemple : les personnes les plus vulnérables sont en première ligne.

Pour les jeunes majeurs sortant de la protection de l’enfance, c’est une urgence sanitaire qui se joue au sortir du confinement, alors même que leur accompagnement risque de se terminer brutalement dès la levée de l’état d’urgence sanitaire. Les circonstances du confinement ont pu mettre à mal les projets d’accompagnement, rompre les liens. La fin de l’accompagnement signifie bien souvent la perte du logement, l’absence de contrat de travail, de stage ou d’alternance – souvent rompu ou annulé à la suite du confinement – et donc de ressources financières. Le contexte de fragilité économique permet difficilement de trouver des ressources suffisantes et de nombreux jeunes risquent de se retrouver à la rue le 11 juillet.

Il convient également de souligner la précarisation de la situation des jeunes étrangers devenus majeurs pendant le confinement, qui bénéficiaient auparavant du statut de mineurs non-accompagnés (MNA) et étaient accueillis dans le cadre de la protection de l’enfance. Comment déposer une demande de titre de séjour dans les préfectures au fonctionnement limité ? Comment obtenir un titre de séjour lorsque le renouvellement est lié au suivi d’une formation que le contexte aura interrompue ou découragée ? Nombreux ne pourront pas déposer leur demande de titre de séjour.

Il est primordial de porter attention et soutien aux jeunes afin de prévenir une aggravation de leur vulnérabilité

Comme le rappelle Madame Marie Jomard dans son mémoire de recherche - qui devait intervenir lors du colloque « Passage à l’autonomie des jeunes » organisé par le Cercle Enfance-jeunesse de la FEP ce 10 juin 2020 -, 23% des personnes privées de logement sont d’anciens enfants placés alors qu’ils ne représentent que 2 à 3 % de la population générale. Ce chiffre atteint 35 % chez les 18 à 24 ans. Ces statistiques rappellent douloureusement la vulnérabilité particulière des jeunes majeurs sortant des dispositifs de protection face aux conséquences de la crise du Covid-19.

Consciente des enjeux, la FEP entend être force de propositions afin d’éviter au maximum les « sorties sèches », c’est-à-dire les sorties du dispositif de la protection de l’enfance sans accompagnement. Dans cette optique, les membres du Cercle Enfance-jeunesse restent mobilisés pour assurer l’organisation du colloque « Passage à l’autonomie des jeunes » au début de l’année 2021.

Les différentes associations membres œuvrant dans le secteur enfance-jeunesse de la FEP, à travers leurs expériences, sont à même d’enrichir le débat et témoigner de leurs initiatives. A titre d’exemple, le service semi-autonome installé au sein des pavillons St-Jean de Mulhouse de l’association Résonance - qui héberge dans un pavillon spécifique des jeunes entre 16 et 18 ans – a pour objectif d’aborder différents aspects de l’autonomie comme la socialisation, la motivation, la réalisation de ses choix, l’indépendance matérielle visant à subvenir à ses besoins, etc.

Face à la crise économique qui s’annonce, il est impératif que le sujet de l’accompagnement des jeunes majeurs sortant de nos dispositifs vers l’autonomie trouve sa place dans les préoccupations politiques et que les retombées de ce temps de confinement difficile, exténuant et pourtant riche et porteur de sens, soient prises en compte dans la protection des jeunes.

Guy Zolger, Référent du Cercle Enfance-Jeunesse de la FEP