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Vivre la fraternité: risquer la découverte des promesses enfouies d’un message toujours

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Protestants en fête, qui se tiendra les 27,28 et 29 octobre prochain à Strasbourg, sera  en cette année 2017, l’occasion de célébrer les 500 ans de la Réforme mais aussi de « Vivre la fraternité », thématique retenue l’évènement. A cette occasion, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France nous invite à risquer cette fraternité qui nous est chère.

Risquer la fraternité c’est aller voir de près, avec le sens aigu de l’expertise et de la compétence, aller voir ce qui peut faire obstacle à toute relation et notamment à la relation d’aide, l’accueil de l’autre différent et en particulier du migrant, de l’exilé, du réfugié. Les œuvres et les Eglises travaillent dans ce sens depuis de longues années. Risquer la fraternité, c’est afin de la savourer, discerner et faire analyser les situations pour être au plus près des demandes et plus juste dans les propositions d’action. C’est aussi avoir de la fraternité une idée citoyenne, ouverte, généreuse et non pas seulement familiale, nationale, ou préférentielle. Une fraternité où nous nous gardons les uns les autres, où nous veillons les uns sur les autres. A l’inverse de l’attitude de celui qui disait « suis-je, moi, le gardien de mon frère ? ».

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Responsable, vulnérable, capable

Je voudrais ici retenir trois mots pour qualifier la personne qui accepte cette prise de risque et les dédier au lecteur.  Cette personne  est responsable, vulnérable, et capable.

Responsable comme le Samaritain, cet étranger qui passe et qui s’arrête auprès du blessé, qui se fait plus proche que les proches eux-mêmes qui pourtant passent aussi au même endroit mais détournent le regard.  Responsable, donc, et devenant prochain et solidaire, à l’image de tous ceux qui venus d’ici ou d’ailleurs, français ou originaires d’autres pays, d’autres cultures et présents parmi nous, participant aussi à la solidarité.

Vulnérable, ensuite, comme la veuve de Sarepta, cette femme qui partage ses faiblesses dans la confiance et la générosité avec le prophète, au risque de tout perdre, comme nos associations d’entraide parfois tout aussi fragiles, mais qui osent l’action et se mettent en danger, au plan des personnes elles-mêmes, si sollicitées, si fatiguées, si questionnées par l’immense tache qu’il faut accomplir sans cesse et répondant oui, toutefois, aux attentes toujours nouvelles. Vulnérable, donc, mais généreux.

Capable, enfin, c’est-à-dire formée, assurée, comme les diacres de Jérusalem, ces diacres qui sont une figure anticipée des entraides et des réseaux solidaires, des fondations et des hôtels-Dieu, des asiles et des Epahd, des CADA, des CAO…, des œuvres d’Eglise. Capable, efficace et fidèle au témoignage chrétien : formée et appelée, bref, consacrée.

Construire et affermir le lien qui fait sens dans la société

Risquer la fraternité, c’est par conséquent inscrire dans la vie cette responsabilité, c’est mettre à l’épreuve cette vulnérabilité et en sortir confiant, et c’est aussi vérifier cette capacité par le bilan et l’analyse des résultats, et ne pas rêver, idéaliser, ou parler de fraternité seulement ! C’est articuler enfin ces trois qualités au réel de la société et des institutions partenaires : les relations d’aide, de solidarité et de fraternité entre les personnes se trouvent ainsi relayées par le tiers nécessaire que constitue, entre le « je » et le « tu » de la fraternité, l’institution, autrement dit la Ville, le Département, la région, l’Etat, et ce que l’on nomme les pouvoirs publics,  pour recréer du sens, du lien, de la dignité et de la citoyenneté. Risquer la fraternité, c’est construire et affermir le lien qui fait sens dans la société. Et alors commence partout ce travail, l’interpellation évangélique et critique des pouvoirs publics, des Eglises, et des partenaires pour agir ensemble dans une République qui bien trop souvent, précisément, manque de souffle et de fraternité.

François Clavairoly,

Pasteur, président de la Fédération protestante de France



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