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Agir dans et sur la crise

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Depuis 2010, les Journées annuelles de la FEP ont analysé les manifestations de la crise, la posture des associations entre résistance et adaptation, et ont insisté sur l’importance de prendre le temps de la réflexion pour conduire des réformes. Cette année, elles se penchent sur les manières concrètes de refonder l’action associative en temps de crise. Un chantier ambitieux, mais nécessaire pour dégager des perspectives.

Avant de découvrir des réponses associatives à la crise actuelle et ses conséquences, de quelles crises parlons-nous ?

Les crises et les associations de solidarité
Pour les pays industrialisés, la crise remonte à la dégradation de la situation économique des années 1974-1975 consécutive au choc pétrolier de 1973. Dans le domaine social, le chômage de masse et de longue durée surgit, plongeant nombre de personnes dans la précarité. Les pouvoirs publics créent dans les années 80 des instruments de lutte contre la pauvreté comme le RMI. Les associations bénéficient dès lors de plus de financements pour accompagner et insérer les personnes. Si la situation économique et sociale depuis le milieu des années 70 a généré des précarités nouvelles, les réponses publiques pour les juguler ont été parallèlement renforcées.
Depuis 2008, en revanche, les finances publiques sont en berne, fragilisant les moyens alloués aux associations alors que, dans le même temps, les demandes d’aides (alimentation, santé, hébergement, logement) sont exacerbées par la pire crise économique que le monde ait connue depuis la Grande Dépression de 1929. Le plan d’action du gouvernement actuel pour réduire les dépenses publiques d’ici 2017 confirme la tendance : l’austérité n’est plus un risque, c’est devenu une réalité. Le défi est double pour les associations de solidarité : accompagner dignement les personnes en situation de fragilité sur le plan social, médicosocial et sanitaire… avec moins de ressources. La puissance publique pousse à une adaptation rapide des associations à cette réalité, par la voie, entre autres, des appels à projets qui formeront bientôt l’unique canal de financements publics. Ces évolutions interrogent le modèle associatif. La coopération et la mutualisation apparaissent comme des outils utiles pour le préserver et le développer. Mais ces deux techniques ne sauraient à elles seules résumer tous les possibles pour refonder l’action associative.

La crise pousse à l’innovation
La crise est une opportunité car elle oblige les associations à revoir leurs moyens d’actions, à s’adapter à de nouvelles contraintes, à satisfaire de nouveaux besoins. Par exemple, des associations mettent en place des plateformes, des pôles, mutualisent des services, coopèrent avec d’autres associations ou font coopérer leurs établissements, agissent en réseau pour mieux rationaliser l’offre d’accompagnement social et de soins. Ces actions peuvent se révéler avantageuses tant pour les coûts que pour la qualité du service rendu. Au-delà de l’optimisation de la gestion, des associations innovent pour mieux lutter contre les conséquences sociales et sanitaires de la crise en recréant des liens entre les personnes et entre les organisations, en impliquant les aidants familiaux, les bénévoles, en allant vers les personnes en difficulté par des actions préventives, globales et mieux coordonnées.

L’innovation, une manière de protester
Toutes ces innovations ne sont pas simplement des adaptations, elles sont aussi une manière de poser question par rapport au paradigme actuel de l’action publique. Dans l’innovation, il y a en effet une protestation : une affirmation de nouvelles logiques potentiellement conflictuelles par rapport aux logiques traditionnelles. Les idées-forces de réseau, de transversalité, d’accompagnement global de la personne semblent interroger une conception administrative encore trop centrée sur l’entité de « l’établissement » et sur l’optimisation et la spécialisation techniques qui morcellent les besoins, les personnes et les interventions.

 

Nicolas Derobert
Responsable de la communication

Source : Grâce à la crise, refonder l'action, Proteste n°137, mars 2014